Les équipes des deux principaux candidats, le président sortant Edgar Lungu, 64 ans, et son rival de toujours, l'homme d'affaires autodidacte Hikainde Hichilema, 59 ans, ont chacune affirmé que leur champion était en tête, avançant leurs propres calculs.
La commission électorale a annoncé le décompte dans 31 circonscriptions sur un total de 156: Hichilema y a recueilli 449.699 voix et le président sortant 266.202. Elle prévoyait d'annoncer des chiffres supplémentaires en fin de journée.
Les résultats dans la capitale Lusaka - bastion traditionnel du parti au pouvoir qui concentre plus de trois millions de Zambiens - et dans la province très peuplée de Copperbelt, essentielle à l'économie avec ses mines de cuivre, sont particulièrement attendus, pouvant faire basculer l'élection.
En tout, sept millions de Zambiens étaient inscrits sur les listes électorales, dont la majorité a moins de 35 ans, sur une population de 17 millions de personnes.
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En fin de journée, un communiqué de la présidence a affirmé que le parti au pouvoir réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces où le chef de l'Etat a ordonné un renfort militaire au lendemain de l'élection. Le vote y a été "caractérisé par des violences", rendant "l'exercice nul", selon ce texte.
Internet et les réseaux sociaux, perturbés dans le pays d'Afrique australe depuis jeudi, étaient rétablis à l'exception de la messagerie Whatsapp, très utilisée dans la région. Vendredi soir, la justice zambienne avait ordonné à l'autorité des communications de rétablir les accès aux services perturbés.
"Conditions de campagne inégales"
Dans Lusaka, plusieurs centaines de partisans de Hichilema, surnommé "HH" ou "Bally", terme affectueux désignant un aîné, se sont rassemblés samedi pour manifester leur impatience de connaître le résultat final, surveillés de près par des soldats depuis leurs blindés.
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Le scrutin de jeudi, tendu mais émaillé de peu d'incidents, devra départager les deux principaux candidats annoncés au coude-à-coude.
La commission a confirmé une participation forte, avec des bureaux de vote restés ouverts tard dans la nuit pour que puissent voter tous les électeurs positionnés dans les files d'attente avant l'heure limite de 18H00.
Les résultats seront connus dans les 72 heures après la fermeture de chaque bureau, a promis la commission, ce qui signifie que le résultat final pourrait n'être communiqué que tard dans la nuit de dimanche à lundi.
L'opposition s'inquiète de risques de fraude électorale. Des bousculades ont eu lieu dans quelques bureaux de vote après des accusations de transport de bulletins de vote préremplis, ce que la commission a démenti.
Les observateurs de l'Union africaine ont rapporté qu'"en général, les opérations du jour du vote se sont déroulées de manière pacifique, transparente et professionnelle", a commenté leur chef de mission, l'ex-président sierra-léonais Ernest Bai Koroma.
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Ceux de l'Union européenne se sont montrés plus critiques, dénonçant l'accès restreint à internet et des "conditions de campagne inégales". Le processus électoral a été "techniquement bien géré" mais "entaché de restrictions aux libertés de réunion et de mouvement, et d'abus de pouvoir", a déclaré leur chef de mission Maria Arena lors d'un point de presse.
Cinq jours avant le scrutin, Hichilema s'était plaint d'avoir été empêché de se rendre dans la province disputée de Copperbelt (centre) où Lungu faisait campagne le même jour. Son vol avait été annulé.
Chômage et pauvreté ont érodé le soutien au président Lungu, accusé d'avoir lourdement emprunté, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer des projets d'infrastructure tape-à-l'œil alors que le coût de la vie montait en flèche.
Des ONG ont aussi dénoncé la répression des voix dissidentes depuis l'arrivée de Lungu au pouvoir en 2015, avec la fermeture de médias indépendants et l'arrestation de figures d'opposition, parmi lesquelles Hichilema.