Le troisième sommet des filles africaines est consacré aux pratiques préjudiciables aux filles. Elles constituent une violation grave des droits de l’enfant et de la femme, portent durement atteintes à l’intégrité physique et mentale des filles et entravent lourdement le développement économique et humain du continent africain. Ce sommet, organisé sous l'égide de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) et du Comité africain sur les droits et le bien-être de l'enfant et qui se tient tous les trois ans, se déroule cette année à Niamey, capitale du Niger, du 16 au 18 novembre 2021.
Najat Maalla M’Jid, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur les questions de violence contre les enfants a rappelé que, «Malgré les nombreux engagements et les diverses actions menées depuis plusieurs années, la réalité et les chiffres montrent que les pratiques préjudiciables aux filles, telles que la violence basée sur le genre, les mariages précoces ou forcés, les mutilations génitales, l'explosion économique, la servitude, le gavage, persistent de manière alarmante. Sur notre continent, plus de 3 millions de filles par an sont en risque de mutilations, le mariage précoce des filles touche 20 millions de filles dans le Sahel soit 7 filles sur 10. Cette tendance alarmante risque de s'aggraver du fait de l'impact socio-économique de la pandémie de Covid-19, les disparités et inégalités sociales, de l'insécurité alimentaire, des crises humanitaires et conflits, des changements climatiques et de l'insécurité qui affectent le continent».
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Ce troisième somment est surtout l’occasion de faire entendre la voix des principales concernées afin que soient garanties les conditions de l’accomplissement effectif des droits des filles.
Nana Maasouada, l'une des participantes à ce sommet a appelé "à l'action pour bannir toutes les pratiques néfastes, notamment la mutilation génitale féminine, le mariage des enfants et de renforcer les actions de prévention et d'interdiction de cette pratique dans les zones rurales".
Dans son long plaidoyer, elle a demandé "l'engagement des leaders de la communauté, ainsi que des leaders religieux, de renforcer leurs rôles dans la lutte contre les violences basées sur le genre, les violences contre les filles, et de mettre fin aux pratiques néfastes".
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Enfin, elle appelé "toutes les parties prenantes notamment les gouvernements, tous les partenaires au développement, les organisations de la société civile, les familles, les leaders des écoles, des communautés et des confessions religieuses, à renforcer l'éducation de la fille, notamment l'accès, la rétention, ainsi que la transition au niveau supérieur au sein de l'éducation".
Selon les Nations Unies, 1 fille sur 6 dans le Sahel est mère avant 16 ans, et l’abandon scolaire affecte 9 filles sur 10 déjà mariées. Au Niger, le gouvernement a fait de l’éducation sa priorité pour agir profondément contre ces pratiques néfastes, selon Mohamed Bazoum, le président de la République.
Dans son discours prononcé à l'ouverture des travaux, il a notamment expliqué avec regret que "Dans les pays comme le nôtre, un enfant non scolarisé ou précocement déscolarisé à toutes les chances d'être un adulte pauvre.
Une telle fille, en plus de devenir une adulte pauvre, constitue un foyer de production d'enfants, appelés à être à leur tour des pauvres".
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Et d'ajouter: "C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de promouvoir un programme de construction d'internats pour les jeunes filles dans les collèges ruraux, en vue d'accroître les chances de leur réussite à l'école.
L'éducation, vous l'avez tous souligné, est le moyen le plus sûr d'arracher les filles à la violence des mariages précoces et de couches dangereuses. Les présentes assises du sommet des filles africaines visent à mobiliser notre action autour du thème général de l'année 2021 de l'Union africaine qui est "Arts, culture, patrimoine, leviers pour bâtir une Afrique que nous voulons".
Tous s’accordent à dire que mettre fin aux pratiques préjudiciables aux filles est possible et réalisable. Les causes sont connues, les solutions existent, les barrières qui entravent leurs mises en œuvre sont également connues. Il faut être plus ambitieux et capitaliser sur toutes les bonnes pratiques.