Afrique du Sud: le président Ramaphosa promet à la nation la fin de la corruption

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa.. DR

Le 10/02/2022 à 21h04, mis à jour le 10/02/2022 à 21h04

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a affirmé jeudi vouloir mettre définitivement fin au pillage des biens publics, promettant que "la lutte contre la corruption" va gagner en intensité" dans son discours annuel sur l'état de la nation.

Les premières conclusions d'une enquête de quatre ans sur la corruption pendant les «neuf années perdues» de la présidence de son prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018) lui ont été récemment communiquées. Quelque 1.400 pages et ce n'est pas fini, un dernier tome doit être livré d'ici la fin du mois. Ramaphosa devra ensuite annoncer d'éventuelles poursuites en justice.

Mais déjà, le chef d'Etat a juré devant les parlementaires que «la lutte contre la corruption va gagner en intensité». Cyril Ramaphosa en a fait son cheval de bataille notamment au sein du parti historique au pouvoir, l'ANC, nourrissant une guerre de factions. Il a toutefois lui aussi été appelé à témoigner devant la commission d'enquête anti-corruption du juge Raymond Zondo.

«Au plus tard le 30 juin, je présenterai un plan d'action», a affirmé le chef d'Etat, ajoutant «nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cela ne se reproduise plus jamais».

Martelant que c'est maintenant l'heure «des comptes», le chef d'Etat s'est également engagé à renforcer la protection des lanceurs d'alerte, «qui constituent une garantie essentielle dans la lutte contre la corruption et prennent des risques énormes en dénonçant des actes répréhensibles».

En août, Babita Deokaran, 53 ans, employée régionale à la Santé et témoin clé dans une affaire de détournement de plusieurs millions d'euros dans le cadre de contrats d'achats de matériel de protection contre le Covid, a été tuée par balles à Johannesburg.

"Symbole"

Ramaphosa a prononcé dans la soirée son discours solennel depuis l'hôtel de ville du Cap, et non au Parlement, ravagé par un incendie criminel en janvier: «cet incendie est le symbole de la dévastation causée par la pandémie de Covid-19, par la montée du chômage et l'aggravation de la pauvreté», a-t-il déclaré.

Déjà en récession, l'économie de la première puissance industrielle du continent a été sévèrement frappée par le Covid. Le chômage a atteint un nouveau niveau record à 34,9%, ce taux atteignant près de 65% chez les jeunes.

Un climat économique et social qui a nourri en juillet les plus graves violences survenues depuis l'avènement de la jeune démocratie, à l'origine déclenchées par l'incarcération de Jacob Zuma.

A 79 ans, l'ex-président a été condamné à une peine de prison ferme pour avoir obstinément refusé de témoigner devant le juge Zondo. Il est en liberté conditionnelle depuis septembre pour raison médicale. Les violences ont fait plus de 350 morts.

Dans un rapport publié lundi, des experts chargés par le gouvernement d'enquêter sur ces émeutes affirment que les «luttes de factions au sein de l'ANC sont devenues une source sérieuse d'instabilité».

Le Congrès national africain organise ses élections d'ici décembre, un vote interne qui a des allures d'élections générales car pour rester au pouvoir, Ramaphosa devra demander au parti de le réélire à sa présidence.

Mais s'il s'attaque à la corruption, de nombreux membres du parti seront visés, explique à l'AFP le politologue William Gumede. «Pour le bien du pays, il doit poursuivre les membres de l'ANC. Mais l'ANC s'opposera à toute poursuite de ses membres», résume-t-il.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 10/02/2022 à 21h04, mis à jour le 10/02/2022 à 21h04