Barrage sur le Nil: l’Egypte interpelle le Conseil de sécurité sur la violation de l’accord de 2015 par l'Ethiopie

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd) en cours de construction.

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd) en cours de construction. . DR

Le 27/02/2022 à 16h16, mis à jour le 27/02/2022 à 16h40

L’Egypte a envoyé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU soulignant la violation de l’accord de la Déclaration de principes de 2015 sur le barrage. Cette nouvelle sortie intervient après le démarrage de la production d’électricité de 2 turbines du barrage sans consultation avec les pays en aval.

Après plusieurs mois d’accalmie, la tension est de retour entre l’Egypte et l’Ethiopie suite à l’annonce par cette dernière de la mise en service de 2 turbines de production d’électricité sans l’avis des pays situés en aval: le Soudan et l’Egypte.

A ce titre, Le Caire a envoyé une seconde lettre au Conseil de Sécurité de l’ONU en y dénonçant la violation par l’Ethiopie de l’accord de Déclaration de principe de 2015. Selon l’Egypte, «la décision éthiopienne est une nuvelle mesure unilatérale qui s’ajoute aux opérations unilatérales de remplissage des année 2020 et 2021». En effet, l’accord de 2015 fait mention de manière claire et sans équivoque que l’Ethiopie doit trouver un accord juridiquement contraignant sur les règles d’exploitation du barrage avant de commencer le remplissage du réservoir du barrage de 74 milliards de mètres cubes.

Dans cette nouvelle lettre, l’Egypte rappelle aux membres du Conseil de sécurité que l’Ethiopie s’est abstenue de mener les études requises sur les impacts hydrologiques, sociaux, économiques et environnementaux. Du coup, ce remplissage pourrait se traduire par une baisse du débit du Nil et donc causer des dommages à l’Egypte qui dépend, pour 97% de ses eaux, de celles du Nil.

A travers cette nouvelle lettre, l’Egypte souhaite que la communauté internationale pousse l’Ethiopie à reprendre les négociations avec des pays en aval du barrage.

Rappelons que le différend entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie remonte à 2011, lorsque Addis-Abeba a démarré la construction du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique. Et après moult négociations, les trois pays ont signé en 2015 la Déclaration de principe, selon laquelle les pays en aval (Soudan et Egypte) ne devraient pas être négativement affectés par la construction du barrage. Seulement, depuis, les trois pays n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente, malgré les médiations des Etats-Unis, de l’Union africaine, etc.

D’un coût de 4,8 milliards de dollars, le barrage de la Renaissance éthiopienne dispose d’un réservoir d’une capacité de 74 milliards de m3 d’eau et une capacité de production d’électricité de 6.000 MW. Les autorités éthiopiennes ont effectué deux remplissages du réservoir en 2020 et en 2021, portant la quantité d’eau totale retenue dans ce réservoir à 8 milliards de mètres cubes.

Par Karim Zeidane
Le 27/02/2022 à 16h16, mis à jour le 27/02/2022 à 16h40