Afrique du Sud: Ramaphosa, hué le 1er mai, reconnaît une "perte de confiance"

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Le 03/05/2022 à 14h25, mis à jour le 03/05/2022 à 15h16

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, chassé des célébrations du 1er mai sous les huées, a reconnu mardi une «perte de confiance» générale, assurant avoir «entendu» les griefs d'une classe moyenne confrontée à un chômage record.

Scandant "Cyril doit partir" au stade Royal Bafokeng de Rustenburg (nord) et exigeant une augmentation des salaires, des mineurs en colère ont envahi dimanche la scène sur laquelle il devait s'exprimer lors d'une cérémonie organisée par la plus grande centrale syndicale du pays, la puissante Cosatu.

Encadré par la police et son service de sécurité, Ramaphosa a été prestement conduit hors de l'arène.

«Je n'ai pas pu m'adresser au rassemblement car les travailleurs avaient des griefs qu'ils ont exprimés haut et fort», a déclaré le chef d'Etat dans sa lettre hebdomadaire.

«Si le principal grief semblait concerner les négociations salariales dans les mines voisines, les travailleurs ont démontré un niveau plus large de mécontentement reflétant une perte de confiance dans les syndicats, leurs fédérations ainsi que dans les dirigeants politiques», a-t-il poursuivi, affirmant comprendre «leur frustration».

L'Afrique du Sud est la première puissance industrielle du continent mais son économie a été durement frappée par la crise du Covid. La pandémie a entraîné la perte de plus de deux millions d'emplois en l'espace d'un an et propulsé le taux de chômage à 35%.

De violentes émeutes en juillet et des inondations sans précédent fin avril ont également secoué le pays, causant de vastes destructions. La moitié de la population de près de 60 millions vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

«La classe ouvrière et les pauvres sont ceux qui ont le plus souffert», estime Ramaphosa. «Nous sommes fermement engagés à prendre les mesures nécessaires pour améliorer leur vie et leurs conditions de travail», s'est-il engagé, sans donner de détails sur les mesures envisagées.

La Cosatu, proche du parti historique au pouvoir, l'ANC, a jugé les incidents de dimanche «regrettables et inacceptables», tout en expliquant dans un communiqué que «dans une certaine mesure, ils reflètent la frustration croissante des travailleurs en Afrique du Sud».

L'ANC, qui est passé pour la première fois l'année dernière sous la barre des 50% lors d'un scrutin, doit décider d'ici décembre s'il maintient Ramaphosa comme prochain candidat à la présidentielle en 2024.

Le parti de la lutte anti-apartheid «est dans une spirale descendante irréversible et Ramaphosa est le chaperon qui escorte l'ANC dans la tombe», estime le politologue sud-africain Sandile Swana, interrogé par l'AFP.

En 2012, la police avait tiré sur des mineurs grévistes à Marikana (nord-ouest), faisant 34 morts dans la pire fusillade policière depuis la fin de l'apartheid.

Cyril Ramaphosa, alors directeur non exécutif de la société Lonmin qui exploitait la mine de platine, avait demandé l'intervention de la police, accusant les mineurs d'avoir un comportement «criminel ignoble».

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/05/2022 à 14h25, mis à jour le 03/05/2022 à 15h16