100 jours de Damiba au Burkina: «Le fantôme s’est métastasé», estime le capitaine à la retraite Alissi Ouédraogo

VidéoUn panel de haut niveau s’est tenu le mardi 24 mai 2022 à Ouagadougou. A l’initiative d’un consortium d’organisations, dont le Centre pour la gouvernance et la démocratie (CGD), il a servi de cadre d'évaluation des 100 premiers jours de gouvernance du régime Damiba.

Le 27/05/2022 à 08h55

Le panel s'est penché sur la situation du pays aux niveaux économique, politique et sécuritaire. Sur le dernier point, selon les données collectées par un des panélistes, Alissi Ouédraogo, en décembre 2021, les attaques terroristes ont causé la mort de plus de 2.500 personnes et fait plus d’un million de déplacés.

Dans son développement, le capitane à la retraite a noté que le phénomène du terrorisme sévissait déjà partout dans la bande sahelo-saharienne, rendant plus complexe la lutte antiterroriste. D'où l'enthousiasme suscité par l’avènement de la junte le 24 janvier 2022.

«L’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) au pouvoir a suscité de l’espoir et a reçu l’adhésion de nombreux citoyens, qui n’ont pas manqué d’apporter leur soutien au nouveau pouvoir, à travers certaines OSC. Mais 100 jours après, quel constat pouvons-nous faire sur la gouvernance sécuritaire?», s’est-il interrogé.

Thomas Ouédraogo du Centre pour la gouvernance et la démocratie (CGD) a expliqué que le but de ce panel est d’engager un dialogue démocratique franc autour des acquis et des insuffisances du nouveau régime. Il vise également à aider les gouvernants à prendre les meilleures décisions et d’assurer que les burkinabè s'engagent à mieux gérer le pays.

La principale leçon à tirer, c’est que la gouvernance devrait travailler davantage à s’ouvrir aux populations, de sorte que chaque acteur sente le besoin de se responsabiliser afin de sauver la barque Burkina qui tangue actuellement.

Le panel a salué, toutefois, les victoires engrangées face à l'hydre terroriste sur la même période. Des opérations menées par nos armées et leurs consœurs de la région ont eu raison de plus d’une cinquantaine de terroristes. Cependant, beaucoup reste à faire.

«Il y a eu d’abord un manque d’anticipation sur la menace qui a été constaté depuis l’ère du président Blaise Compaoré. On a constaté une réponse molle par rapport à la menace qui se faisait déjà pressentir. Nous étions encore dans les rangs à cette époque. Donc, nous avons pu apprécier la menace», a relevé l’ancien officier.

Au niveau économique, des manquements ont été également constatés durant la gouvernance Damiba. L’application stricte des priorités de la transition n’est pas encore effective, a fait observer le panel.

Même s’il est difficile d'évaluer, en termes de notes, la gouvernance actuelle, il est clair qu’un recul est observé avec les débats qui se mènent sur la rémunération des autorités, les critères méconnus de recrutement des directeurs généraux des sociétés d’Etat, etc.

Par Jean-Paul Windpanda Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 27/05/2022 à 08h55