Le Soudan depuis le coup d'Etat du 25 octobre

De jeunes manifestants soudanais réunis autour d'un feu de camp, ce 4 juillet 2022 au Royal Care Hospital à Barari dans la capitale Khartoum.

De jeunes manifestants soudanais réunis autour d'un feu de camp, ce 4 juillet 2022 au Royal Care Hospital à Barari dans la capitale Khartoum. . AFP

Le 05/07/2022 à 11h43

Du coup d'Etat du 25 octobre 2021 à l'annonce lundi par le général Abdel Fattah al-Burhane de son intention de laisser le pouvoir aux civils, voici les temps forts de la crise au Soudan.

- Nouveau coup d'Etat -

Le pays traverse une délicate transition depuis la chute en 2019 d'Omar el-Béchir --arrivé au pouvoir après un coup d'Etat en 1989-- censée aboutir à des élections libres fin 2023. Mais le 25 octobre 2021, le général Burhane, chef de l'armée, arrête de nombreux membres civils des autorités de transition, dont le Premier ministre Abdallah Hamdok, et décrète l'état d'urgence.

Il maintient souhaiter "une transition vers un Etat civil et des élections libres en 2023".

Au moins sept personnes sont tuées et 80 blessées par des tirs de l'armée dans la capitale Khartoum, selon un syndicat de médecins prodémocratie, lors de manifestations massives contre le putsch. Le coup d'Etat est largement condamné par la communauté internationale et les Etats-Unis suspendent une aide de 700 millions de dollars au Soudan.

- Désobéissance civile, pression internationale -

Dans les jours qui suivent, Abdallah Hamdok est assigné à résidence. Les heurts se poursuivent, les arrestations de militants et manifestants se multiplient.

L'Union africaine suspend le Soudan, la Banque mondiale cesse son aide, tandis que l'ONU et les Etats-Unis réclament le retour d'un "gouvernement de transition dirigé par des civils".

Le patron de la télévision d'Etat est limogé.

- Nouveau Conseil de souveraineté -

Le 4 novembre, sous la pression internationale, quatre ministres sont libérés. L'armée annonce la formation "imminente" d'un gouvernement.

Le 11, le général Burhane nomme un nouveau Conseil de souveraineté, sans les représentants du bloc réclamant un transfert du pouvoir aux civils.

Les manifestations se poursuivent et sont sévèrement réprimées, faisant plusieurs morts.

- Retour du Premier ministre -

Le 21 novembre, Abdallah Hamdok est rétabli dans ses fonctions, mais les manifestations se poursuivent.

Le lendemain, plusieurs hommes politiques détenus depuis le coup d'Etat sont libérés.

Le 24, Abdallah Hamdok ordonne l'arrêt "immédiat" des limogeages et annonce le "réexamen" des nominations intervenues durant sa détention.

- Le Premier ministre démissionne -

Le 2 janvier 2022, le Premier ministre Hamdok démisionne.

Le 4 janvier, la Troïka à la manoeuvre sur le dossier soudanais --la Norvège, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne-- ainsi que l'Union européenne préviennent qu'ils "ne soutiendront pas un Premier ministre ou un gouvernement nommé sans l'implication d'un grand panel d'acteurs civils".

Le 10, l'émissaire de l'ONU, Volker Perthes, annonce le lancement de discussions indirectes avec les parties civile et militaire.

- Tentative de dialogue sous l'égide de l'ONU -

De nouveaux décès surviennent lors de manifestations les mois suivants.

Le 8 juin, lancement sous l'égide de l'ONU des pourparlers intersoudanais boycottés par les principaux blocs civils. Les Forces de la liberté et du changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch, réclament notamment comme préalable la fin de la répression et la libération de prisonniers.

Le 11, report sine die de la deuxième série de pourparlers.

- L'armée dit céder la place -

Le 30 juin, des dizaines de milliers de Soudanais défilent en réclamant la "chute" du régime, lors de l'une des journées les plus sanglantes depuis le coup d'Etat, avec neuf manifestants tués à Khartoum. Les manifestants entament un sit-in.

Le 4 juillet, le général Burhane annonce que "l'armée ne participera plus au dialogue", pour laisser les forces civiles former un "gouvernement de personnalités compétentes".

Depuis octobre, 114 manifestants ont été tués et des milliers blessés, selon un syndicat de médecins prodémocratie. Les forces de l'ordre sont également accusées du viol d'au moins 13 manifestantes, selon l'ONU.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/07/2022 à 11h43