Le premier ministre burkinabè, Albert Ouédraogo, a accordé mardi soir une interview à la Radiodiffusion Télévision du BurkinaFaso (RTB) dans laquelle il s’est prononcé sur les sujets chauds de l’actualité politique du pays. Il est notamment revenu sur la venue puis le départ en juillet dernier de l’ex-président Blaise Compaoré, pourtant condamné par la justice burkinabè à la perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987.
Ce séjour, qui s’inscrivait dans le cadre d’une réunion – échouée – de tous les anciens présidents burkinabè encore en vie afin d'«accélérer la réconciliation nationale» et trouver une solution au jihadisme, a été largement critiqué à l’intérieur et hors des frontières nationales. De plus, l’ex-chef d’Etat chassé du pouvoir en octobre 2014 est simplement retourné en Côte d’Ivoire, où il est exilé depuis sa chute. Sans être inquiété.
Revenant sur cette controverse, Ouédraogo a déclaré qu’«avant que Monsieur Blaise Compaoré ne vienne, il y a eu des démarches au préalable. C’est ce que beaucoup de gens ne savent pas. Nous avons approché la famille de Thomas Sankara, notamment Mariam Sankara (l’épouse du président assassiné, ndlr), pour l’informer de cette situation et ce que nous comptons faire».
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Pourtant, en marge de la rencontre entre le président de transition Paul-Henri Sandaogo Damiba et ses prédécesseurs, les avocats des familles de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons assassinés ont animé une conférence de presse pour demander l’exécution du mandat d'arrêt émis contre Blaise Compaoré, c’est-à-dire son arrestation immédiate.
Poursuivant son interview, le chef du gouvernement burkinabè a ajouté: «Nous avons aussi approché le Conseil supérieur de la magistrature et nous lui avons expliqué la démarche que nous sommes en train de mener et rassurer que nous ne sommes pas en train de tordre le coup à la justice, de consacrer l’impunité, mais de dire que les Burkinabè sont capables de faire l’union sacrée que nous vivons». Explications convaincantes? Pas si sûr, car elles ne règlent pas le vrai problème de l’indépendance de la justice dans le pays.
Concernant la rencontre elle-même, Ouédraogo a dit avoir été surpris par l’absence de Roch Marc Kaboré. L’ex-président renversé par un coup d’Etat le 24 janvier dernier a en effet été empêché par ses militants de prendre part à ce qu’ils ont qualifié de «mascarade». Comme lui, ses prédécesseurs Michel Kafando et Yacouba Zida ont également manqué à l’appel, le premier pour raison de santé et le second pour raison administrative.
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«J'ai été surpris par l'absence de Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, lors de la rencontre du 8 juillet dernier entre les anciens Chefs d’Etat, parce que lors de la campagne présidentielle de 2020, lui-même avait affirmé à Ziniaré que son objectif premier, qu'un de ses chantiers lorsqu'il serait élu serait de faire revenir Monsieur Blaise Compaoré, dans un délai de six mois. C'était une promesse de campagne», a expliqué le Premier ministre.
Selon lui, «beaucoup n'ont pas compris» la démarche du gouvernement. «Il ne s'agissait pas de faire revenir Monsieur Blaise Compaoré de façon définitive, mais il s'agissait surtout de montrer que les anciens dirigeants et les dirigeants actuels peuvent être unis, peuvent faire l'union sacrée pour montrer à nos forces de défense et de sécurité que tout le monde, que toutes les composantes de notre société sont derrière elles», s’est-il justifié, ajoutant que «notre démarche était de booster le moral de nos forces de défense et de sécurité».