Scandaleux: le Niger vend 120.000 ha de terres arables aux Saoudiens

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Le 23/08/2016 à 15h12, mis à jour le 23/08/2016 à 15h39

Le Niger est secoué par ce qui risque d'être le plus gros scandale de son histoire. Le gouvernement compte céder 120.000 ha de terres agricoles à des Saoudiens, sous prétexte qu'il s'agit d'investissements étrangers pour développer la région Est. Une honte, selon la société civile.

Après l’accaparement des terres agricoles en Ethiopie et au Soudan, les Saoudiens s’orientent vers l’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement nigérien affirme être en négociation avec Al Khoraish for Trading & Industry, une société saoudienne, pour céder 120.000 hectares (soit 50 x 24 km2) de ses terres les plus fertiles. Il s’agit d’une région vaste comme 5 fois la région de Bamako (245 km2), la capitale malienne, ou plus de deux fois la région de Dakar (55.000 ha), la capitale sénégalaise. La zone convoitée par les Saoudiens se trouve à l’Est du pays.

Alors comment une telle décision est-elle possible ? Les autorités nigériennes l’expliquent par la nécessité de régler définitivement les problèmes d’insécurité alimentaire à laquelle le pays, l’un des plus démunis au monde, est confronté.

Levée de bouclier de la société civile

Non lui rétorque la société civile qui estime qu’il ne s’agit ni plus ni plus que d’un bradage des terres agricoles, indispensables pour le parcours du bétail. Donc si en apparence, ces zones paraissent inexploitées, elles sont depuis toujours le réservoir de nourriture des énormes troupeaux de Peulhs et Haoussas.

Face à la levée de bouclier, le gouvernement tente notamment de s’expliquer et choisit les ondes de Radio France Internationale (RFI), mais surtout il en laisse le soin au président du Conseil régional de Difa, Meyrou Malam Ligari, sans doute pour éviter d’être éclaboussé par un tel scandale.

Les populations "auront un aménagement pour qu’elles puissent continuer à produire comme avant la vente des terres parce que nous avons prévu en aval des unités industrielles. C’est pour donner de la plus-value à ces productions au niveau régional", a affirmé ce dernier.

En Ethiopie, des morts à cause des terres vendues

Il faut rappeler qu’en Ethiopie de telles promesses ont été faites, notamment par le groupe Al Amoudi, le fameux milliardaires Saudi-Ethiopien dont la raffinerie basée au Maroc est en faillite. Pour chasser les populations, le Oromo et les Amhara, l’armée éthiopienne a même commis des meurtres. Les mêmes meurtres que l’athlète Feyisa Lilesa dénonçait dimanche à Rio dans son geste qui restera dans les annales de l’histoire.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/08/2016 à 15h12, mis à jour le 23/08/2016 à 15h39