Ouganda: une équipe d'ingénieurs crée la veste qui diagnostique la pneumonie

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Le 22/01/2017 à 11h18, mis à jour le 22/01/2017 à 11h51

Une équipe d'ingénieurs ougandais a inventé une "veste intelligente" capable de diagnostiquer la pneumonie plus rapidement qu'un médecin et devant permettre de mieux combattre une maladie qui fait plus de victimes infantiles qu'aucune autre au monde.

L'idée en est venue à Olivia Koburongo, 26 ans, après que sa grand-mère soit tombée malade. Trimbalée d'hôpital en hôpital, celle-ci est décédée avant même que la pneumonie ne soit diagnostiquée. "Il était alors trop tard pour la sauver", regrette la jeune ingénieure. "C'était trop difficile de suivre la trace de ses signes vitaux, de savoir comment elle allait. C'est comme ça que j'ai pensé à une manière d'automatiser tout le processus pour suivre l'évolution de son état de santé". Olivia a présenté son concept à son camarade Brian Turyabagye, 24 ans, diplômé comme elle d'une école en ingénierie des télécommunications.

Ensemble et avec une équipe de médecins, ils ont créé le "Mama-Ope" ("mother's hope, l'espoir de la mère), un équipement utilisé pour les jeunes enfants. Il est composé d'une "veste intelligente" biomédicale et d'une application pour téléphone mobile qui effectue le diagnostic. Le Mama-Ope est très simple d'utilisation. L'enfant a simplement à enfiler la veste, dont les capteurs permettront de mesurer certains paramètres, comme les bruits émis par les poumons, la température ou le rythme de la respiration.

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"Ces informations sont envoyées à l'application mobile qui les compare à des données connues pour estimer la gravité de la maladie", explique Brian. La pneumonie, une maladie respiratoire, tue environ 24.000 enfants ougandais de moins de cinq ans par an, enfants qui pour la plupart souffrent déjà de paludisme, selon le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef). Le manque d'infrastructures et de laboratoires capables d'effectuer les tests nécessaires dans les communautés pauvres signifie que le personnel de santé ne peut compter que sur un simple examen clinique pour établir son diagnostic.

Un diagnostic précoce

La veste, qui n'en est encore qu'à l'état de prototype, peut diagnostiquer la pneumonie trois fois plus vite qu'un docteur, tout en réduisant le risque d'erreur humaine, selon une étude produite par ses inventeurs. Traditionnellement, les médecins utilisent un stéthoscope pour écouter les bruits anormaux venant des poumons. Mais s'ils diagnostiquent le paludisme ou la tuberculose, qui peuvent aussi induire une détresse respiratoire, l'erreur peut se révéler fatale pour le patient.

"Le problème que nous essayons de résoudre est de diagnostiquer la pneumonie à un stade précoce, avant que cela ne devienne sérieux. Et nous essayons aussi de résoudre le problème du manque d'effectifs dans les hôpitaux, parce qu'actuellement le ratio docteur/patient dans le pays est de un pour 24.000", explique Olivia. Selon Brian, leur matériel devrait bientôt être introduit dans les principaux hôpitaux d'Ouganda, avant d'équiper les centres de soins plus isolés.

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"Une fois que l'information obtenue est enregistrée dans le +cloud+ (en ligne), ça signifie qu'un médecin qui n'est même pas dans la zone rurale, qui n'est même pas sur le terrain, peut avoir accès à l'information concernant n'importe quel patient et cela l'aide à prendre une décision en toute connaissance de cause", ajoute-t-il. Les inventeurs travaillent également à faire breveter leur équipement, qui a été retenu parmi les candidats pour le prix africain 2017 de l'Académie royale britannique d'ingénierie.

"Une fois que ça marchera (en Ouganda), nous espérons que ce sera lancé dans d'autres pays africains et dans d'autres endroits du monde où la pneumonie tue des milliers d'enfants", indique Olivia. Selon l'Unicef, la plupart des 900.000 décès annuels d'enfants de moins de cinq ans, dus à la pneumonie, ont lieu en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Cela représente plus que les principales autres causes de décès infantiles, comme la diarrhée, le paludisme, la méningite ou le sida.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 22/01/2017 à 11h18, mis à jour le 22/01/2017 à 11h51