Dans une salle pleine à craquer, le film, une fiction dans laquelle un chef d’État africain nationalise les entreprises occidentales de dirigeants cyniques et racistes qui tentent vainement de le renverser par tous les moyens, a été ovationné, plus pour ses idées que pour sa qualité cinématographique.
Évocation de sortie du Franc CFA, collaboration avec la Russie ou la Chine au détriment des Occidentaux, critique des grandes organisations internationales (FMI, Banque mondiale), indépendance économique, fierté d'être africain: de nombreux dialogues abordant ces thèmes ont été salués par des applaudissements et des cris de joie pendant la projection.
"Ce n'est pas un film anti-européen mais un film anti-gouvernement des États qui nous exploitent", a lancé le producteur-réalisateur-scénariste et acteur principal Sylvestre Amoussou.
Commentant les réactions de la foule, il a indiqué à l'AFP: "Les gens sont frustrés. Beaucoup de gens pensent ce que j'ai mis sur l'écran mais personne n'ose le dire et personne n'a la possibilité de le dire".
"Les jeunes me disent mais quand est-ce que les Africains vont faire un vrai film sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés? et moi j'ai dit, un jour je le ferai. Ça fait 10 ans que je travaille sur le sujet. J'ai souffert", a-t-il ajouté précisant que son film avait été "uniquement financé par des Africains".
"Les dirigeants nous manipulent. On ne peut pas après plus de 50 ans d'indépendance être encore sous la tutelle des dirigeants (occidentaux). Les peuples occidentaux ne sont même pas au courant de ce qui se passe (...) Si l'ogre veut vous bouffer il faut se battre pour résister", a-t-il déclaré à la presse.
"Le message de ce soir est Africains vous avez un beau continent, retroussez les manches et au travail! Il faut penser à l'avenir et à nos enfants", a-t-il dit.
"Si j'ai accepté ce rôle c'est avant tout parce que je veux que tous les Occidentaux soient au courant de ce qui se passe en Afrique. Parce qu'on nous cache aussi à nous la vérité", a confié aux spectateurs l'actrice française Sandrine Bulteau, qui joue une machiavélique représentante de groupes multinationaux.
Le film figure parmi les 20 longs-métrages en compétition.