Cameroun. Bagarre mortelle entre Chinois et locaux dans une mine d’or

Le 16/11/2017 à 18h00

L'accident mortel survenu à Betaré-Oya, dans l’est du pays, met en lumière les tensions entre les communautés locales et les exploitants chinois de gisements miniers ou forestiers.

Le 15 novembre, la localité de Mali, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Bétaré-Oya, dans l’est du Cameroun, a été le théâtre d’affrontements entre les communautés locales et des exploitants chinois. Le bilan fait état de deux morts (un Chinois et un riverain) et quatre blessés dont trois Chinois.

Selon les autorités administratives locales, tout est parti d’une réunion organisée par le Cadre d'appui et de promotion de l'artisanat minier (CAPAM), pour régler un conflit foncier entre des riverains et une société d’exploitation minière sur un site.

L’exploitant chinois disposait d’une autorisation de recherche sur le site en question tandis que les habitants y pratiquaient une activité artisanale. Les échanges se sont fait houleux jusqu'à ce que la situation dégénère. «Les circonstances de l’altercation ne sont pas encore élucidées. Toujours est-il qu’un Chinois, disposant d’une arme à première vue légalement acquise, a tiré à bout portant sur un riverain. Celui-ci est décédé», a déclaré un gendarme en poste dans la brigade locale.

En représailles, les populations se sont ruées sur les Chinois présents, battant à mort l’auteur du tir. Les forces de maintien de l’ordre sont parvenues à contenir la situation et à éviter le pire.

Selon le préfet du Lom-et-Djerem, dont dépend cette localité connue pour ses gisements d’or, des différends existent entre les communautés locales et les exploitants miniers ou forestiers. La région de l’est du Cameroun est en effet la mieux lotie en la matière et les permis d’exploitation se sont multipliés.

Les communautés locales se plaignent fréquemment de la violation du cahier de charges par les exploitants en matière de législation environnementale, de responsabilité sociale ou de versement des droits. Ainsi, les exploitants sont régulièrement accusés d'exploiter les sites de façon anarchique, voire illégale et de dissimuler une partie de leur production, qu'ils évacuent par des voies détournées, dans dans des bonbonnes de gaz trafiquées notamment, pour se soustraire au paiement des taxes. 

Dans un rapport de 2016, le CAPAM révèlait que le Trésor public camerounais perdait chaque mois environ un milliard de francs CFA, en raison de la dissimulation de grandes quantités d’or produites par les sociétés minières. La production enregistrée par les agents de contrôle équivaut à 32% du seuil minimal de la production réelle.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 16/11/2017 à 18h00