Malgré la diffusion d'une vidéo de CNN prouvant l'existence d'un marché aux esclaves en Libye et de nombreux témoignages de migrants rapatriés, les autorités de Tripoli ont toujours refusé de dévier d'une étonnante ligne de défense qui consistait à nier le drame en l'absence de preuves formelles. Aujourd'hui, mercredi 24 janvier, elles ont pour la première fois annoncé l'arrestation de personnes impliquées dans des actes de torture. Mais jusqu'ici, aucun esclavagiste n'a été mis hors d'état de nuire, alors que le phénomène est connu de tous.
Ce n'est d'ailleurs pas le gouvernement d'Union nationale qui est l'auteur des arrestations, mais un groupe qui lui serait affilié. Ce dernier a annoncé l’arrestation d’une bande accusée d’avoir enlevé et torturé des migrants soudanais, près de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli.
“Il s’agit d’une bande composée de cinq Libyens et d’un Palestinien (…) qui ont torturé huit migrants qui sont actuellement soignés à l’hôpital Ibn Sina” à Syrte, a précisé sur sa page Facebook ce groupe armé qui avait combattu les jihadistes de l’Etat islamique l’an dernier, à Syrte, aux côtés des forces du gouvernement d’union nationale (GNA).
Ces arrestations ont eu lieu à Qaddahiya, un village au sud de Syrte, “après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des scènes de tortures insoutenables contre des migrants africains”.
Il a fallu que cette vidéo soit reprise par les chaînes internationales comme El Jazeera pour que les tortionnaires soient arrêtés. Une question demeure: qu'en est-il des milliers d'autres personnes détenues dans des conditions similaires et maltraitées dans l'anonymat?