L’armée camerounaise est à nouveau accusée d’exactions dans le cadre de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram. En effet, «une vidéo effroyable obtenue par Amnesty International montre des membres des forces de sécurité camerounaises tirant sur une dizaine de personnes désarmées, au cours d’une opération militaire dans le village d’Achigachia, dans la région de l’Extrême-Nord du pays», a déclaré l’organisation vendredi 10 août 2018 dans un communiqué. Ces images vidéo ont été tournées en janvier 2015 dans cette localité camerounaise frontalière du Nigeria, rapporte Amnesty, qui dit avoir analysé cette vidéo à l’aide «d’outils numériques de pointe».
La vidéo montre des soldats tirant sur un groupe de 12 personnes alignées contre un mur, assises ou allongées. Un soldat s’avance alors et tire à nouveau à bout portant sur plusieurs personnes du groupe, «probablement pour s’assurer qu’il ne reste aucun survivant», d’après l’organisation.
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«Il s’agit là de nouvelles preuves crédibles appuyant les allégations selon lesquelles les forces armées camerounaises auraient commis de graves crimes contre des civils», affirme Ilaria Allegrozzi, spécialiste de la région du lac Tchad à Amnesty International. Des experts d’Amnesty International ont pu confirmer que la vidéo, «tournée à une date inconnue mais antérieure à 2016», corroborait de «précédents témoignages d’exécutions extrajudiciaires que les autorités camerounaises avaient réfutées», indique l’organisation.
Amnesty demande donc «l’ouverture immédiate d’une enquête approfondie et impartiale». Par ailleurs, «les personnes soupçonnées d’avoir une responsabilité dans ces actes odieux doivent être traduites en justice», a déclaré Ilaria Allegrozzi.
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Côté gouvernement, l’on «ne reconnaît pas la vidéo» tant qu’une enquête n’a pas été menée. Toutefois, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement assure que les auteurs seront jugés si leur responsabilité venait à être établie.
En rappel, sept militaires camerounais ont été récemment arrêtés après la diffusion sur Internet, en juillet 2018, d'une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécutant deux femmes et deux enfants. Le ministre de la Communication a déclaré que ces actes étaient l’œuvre de «quelques soldats égarés», et réitéré la volonté du chef de l’Etat à veiller à ce que les exactions qui peuvent être perpétrées par des membres de l’armée camerounaise «fassent systématiquement l'objet d'enquêtes et aboutissent le cas échéant à des sanctions appropriées».