"Nous sommes d'accord quant au fait que le festival aura lieu comme prévu", a déclaré à l'Agence France Presse le ministre de l'Intérieur Jeje Odongo, précisant être en train de rencontrer les différents acteurs de ce dossier.
"Les organisateurs devront respecter certaines conditions", a ajouté le ministre, selon lequel "ces détails seront dévoilés plus tard". Quelque 10.000 personnes, dont des touristes étrangers, sont attendues au festival, prévu de jeudi à dimanche à Jinja, une ville du sud-est de ce pays notoirement homophobe.
Les déclarations de Jeje Odongo vont à l'encontre de celles du ministre de l'Ethique Simon Lokodo, qui avait assuré il y a deux jours que le festival Nyege Nyege serait annulé, l'accusant de promouvoir des pratiques selon lui immorales comme le sexe ou l'homosexualité.
"Nous n'accepterons pas de perdre notre morale, l'homosexualité ne sera pas acceptée", avait-t-il déclaré, soutenant que le festival "est proche de la vénération du diable et donc inacceptable". "Il y aura de la nudité et de la sexualité à toute heure, il y aura du sexe pratiqué ouvertement", avait poursuivi ce ministre devenu une des figures emblématiques de l'actuel gouvernement ougandais en multipliant les sorties médiatiques musclées contre l'homosexualité en particulier, et tout ce qu'il juge immoral en général.
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Le principal sponsor de l'évènement, le groupe de télécoms MTN Ouganda, avait immédiatement réagi sur les réseaux sociaux en assurant que "la fête aurait bien lieu". Les organisateurs avaient eux évoqué une "mauvaise interprétation des faits" par le ministre Lokodo, et déploré l'impact économique d'une annulation, pour eux, les festivaliers et les fournisseurs, mais aussi pour le secteur du tourisme en Ouganda.
Une des musiciennes participant au festival, la Sud-africaine Show Madjozi, a quant à elle exprimé à la télévision locale NBS son soulagement de voir l'évènement autorisé, expliquant qu'une annulation aurait été "bouleversante car (le festival) met en avant la beauté de l'Afrique".
L'homophobie est répandue en Ouganda, où les relations dites "contre-natures" sont passibles de la détention à perpétuité en vertu d'une loi datant de la colonisation britannique. Harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuels dans ce pays où se développe un christianisme évangélique particulièrement véhément à l'égard du mouvement LGBT.
L'Ouganda avait adopté en décembre 2013 une nouvelle législation réprimant notamment la "promotion de l'homosexualité" et rendant obligatoire la dénonciation des homosexuels. Mais cette loi, qui avait déclenché un tollé international, avait été annulée pour vice de forme par la Cour constitutionnelle en août 2014.