Ancien directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, ancien Délégué général à la Sûreté nationale (patron de la police), ancien ministre de la Défense et des Transports, Edgar Alain Mene Ngo'o a été placé en détention préventive depuis le week-end dernier à la prison centrale de Yaoundé, dans la capitale.
Il a été rejoint plus tard par son épouse, Bernadette Mebe Ngo’o, et trois co-accusés, dont le directeur général-adjoint de la filiale camerounaise d' Attijariwafa Bank, institution bancaire marocaine. Le moins que l'on puisse dire est que l'incarcération de l'ancien ponte du régime a été accueillie de façon jouissive par la presse locale.
«Faites entrer l'accuser», titrait en une le quotidien Mutations le lundi 11 mars 2019. «Mebe Ngo'o : la chute», écrivait le journal L'Essentiel, pendant que l'hebdomadaire Repères titrait «Mebe Ngo'o à Kondengui: Enfin!». La chute de celui que la presse considérait comme «le fils» du président de la République fait les choux gras des médias depuis plusieurs jours.
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La mise en détention préventive des époux Mebe Ngo’o intervient à la suite d’une enquête qui s’est déroulée au parquet du Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction chargée d'instruire les crimes économiques et les détournements de fonds de plus de 50 millions de francs CFA. Bien que rien d'officiel ne filtre encore sur ce qui est précisément reproché à l'ancien ministre, les investigations porteraient sur de présumés surfacturations dans le cadre d'un contrat d'achat d'équipements pour les forces de défense camerounaises. Ce que la presse locale appelle le dossier «Magforce».
Depuis son incarcération, toutes sortes de nouvelles filtrent au sujet de Mebe Ngo'o. L'ancien ministre aurait tenté de se suicider ou aurait été victime d'une tentative de lynchage de la part d'autres détenus de luxe qu'il aurait contribué à incarcérer, du temps de ses heures de gloire. Des rumeurs démenties par le régisseur de la prison dans le quotidien national Cameroon Tribune dans son édition du 13 mars 2019. Mais, pour les médias, cette affaire qui relance l'opération «Epervier», du nom de l'opération engagée par les pouvoirs publics contre la corruption, montre que désormais, nul est à l'abri.