Cameroun: le décès d’une fillette de 8 mois relance le problème de trafic de médicaments

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Le 22/05/2019 à 15h52, mis à jour le 22/05/2019 à 15h55

Le décès d'une fillette de 8 mois a relancé le débat sur le trafic illicite de médicament au Cameroun. A la suite de ce drame, le ministre de la Santé publique a pris des sanctions contre certains membres du personnel médical et a annoncé la mise sur pied d’une Commission de revue de décès.

Une fillette de 8 mois est décédée le 10 mai dernier à l’hôpital régional de Garoua, le chef-lieu de la région du Nord. Selon les premiers éléments de l’enquête, un trafic illicite de médicaments au sein de cette établissement sanitaire serait à l’origine de ce décès.

L’infirmière chargée de la prise en charge de la fillette aurait vendu de l’alcool médical contrefait aux parents de la fillette. Elle aurait acquis ce produit par des circuits parallèles. Ce produit était conditionné dans un flacon de Métronidazole, autre médicament prescrit en injection par le médecin. Il se trouve ce produit a le même aspect physique que l’alcool fourni par l’infirmière.

Une autre infirmière, assurant la relève de sa collègue, a par inadvertance injecté de l’alcool dans les veines de l’enfant en lieu et place du Métronidazole, ce qui a entrainé le décès de l’enfant. Les parents de la fillette ont donc porté plainte contre l’hôpital.

Suite à ce décès, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a pris des sanctions conservatoires contre certains membres du personnel médical.

La major de la pédiatrie et trois personnels soignants en service lors de la survenue de ce drame ont ainsi écopé de trois mois de suspension pour «négligence et manquements graves à l’éthique et à la déontologie professionnelles».

Trafic meurtrier

Un autre personnel soignant a également écopé de la même sanction pour «trafic et vente illicite de médicament au sein de l’hôpital».

Par ailleurs, le ministre a annoncé la mise sur pied d’une Commission de revue de décès tant au niveau central que dans les services déconcentrés de son département ministériel.

Cette structure sera chargée d’évaluer les dossiers médicaux des patients décédés pour des besoins «soit d’amélioration des différents référentiels, soit le cas échéant, de détermination des responsabilités en cas de négligences ou de mauvaises pratiques», indique un communiqué du ministre.

Cette affaire vient ainsi relancer la vente illicite des médicaments en milieu hospitalier. Un trafic rentable et meurtrier que les pouvoirs publics ont du mal à juguler. Ces médicaments de contrebande ciblent les pathologies les plus répandues comme le paludisme.

«Cette invasion se déroule en silence et vise les populations les plus défavorisées. Non seulement ces faux médicaments sont la cause de centaines de milliers de décès, mais ils sont aussi responsables du développement de résistances à certains traitements», déplorait, en 2012, Jean-David Levitte, président du conseil d’administration de l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 22/05/2019 à 15h52, mis à jour le 22/05/2019 à 15h55