Adrienne ne jure que par les extensions capillaires. Mais pas n’importe lesquelles: «des cheveux humains, car ça fait naturel», affirme cette trentenaire, lookée jusqu’au bout des ongles.
«Ce que j’ai sur la tête m’a coûté pratiquement 175.000 francs CFA, hors pose», dit-elle en ramenant, d’un air un brin provocateur, une mèche de cheveu derrière son oreille.
Adrienne n’est pas peu fière de ses cheveux, qui lui tombent jusque dans le dos. Diane, elle, a opté pour une perruque naturelle. Pour cela, elle a déboursé 35.000 francs CFA pour s’en faire fabriquer. Une somme importante pour cette étudiante de 23 ans sans emploi, qui ne regrette cependant pas son investissement.
«Il faut du temps et de l’argent pour se coiffer régulièrement, tout ce que je n’ai pas. Or, avec ma perruque, je la pose et hop, je suis coiffée en un rien de temps. J’ai préféré une perruque naturelle parce qu’on peut l’utiliser pendant plusieurs années, contrairement aux greffes synthétiques qui s’abîment avec le temps et l’usage», explique-t-elle.
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Il faut dire que le business des cheveux naturels a la cote dans le pays.
Il n’y a qu’à faire par exemple un tour au marché Mokolo à Yaoundé, la capitale –l’un des plus grands du Cameroun et d’Afrique centrale, pour s’en rendre compte.
Ici, des boutiques commercialisant des extensions capillaires sont prises d’assaut par une horde de femmes aux besoins plus ou moins identiques.
Toutes ne jurent que par les «cheveux 100% naturels», et tout particulièrement ceux venus d’Inde. Ce qu’elles appellent communément les «mèches indiennes».
Illusion
«Je viens de m’offrir cinq boules de cheveux naturels à 50.000 francs CFA. J’en rêvais depuis tellement longtemps que je suis toute excitée d’aller me les faire poser», confie, Pasvale, toute guillerette, serrant ses touffes contre son cœur.
Il n’y a pas qu’à Mokolo qu’on peut s’en procurer. Les boutiques spécialisées dans la vente des cheveux humains fleurissent également dans la ville.
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«Les femmes aiment bien les extensions naturelles parce que ça donne l’impression, à s’y méprendre, que ce sont leurs vrais cheveux. Certaines n’hésitent pas à mettre le prix qu’il faut», indique-t-on dans ce magasin de vente de cheveux naturels sis au quartier Nlongkak, ouvert il y a trois ans.
Ici, les mèches indiennes sont vendues entre 25.000 et 120.000 francs CFA.
Les prix varient en fonction de la taille de la mèche. Ainsi, il faudra débourser 25.000 francs CFA pour une mèche indienne de taille 10, contre 80.000 francs CFA pour la taille 24.
Dans d’autres boutiques, les prix peuvent s’envoler jusqu’à 500.000 francs CFA. Un coût qui serait gage de qualité, assurent les gérants.
Face à la demande sans cesse croissante, certains salons de coiffure se sont aussi lancés dans la vente des cheveux humains pour répondre aux besoins d’une clientèle sans cesse exigeante.
«La plupart des femmes qui viennent ici, c’est pour poser les mèches naturelles, avec lace frontale. C’est une pièce de finition qu’on pose généralement devant avec une colle spéciale. Cette technique donne l'illusion que les cheveux qui composent la mèche ou la perruque sont vraiment ceux de notre cuir chevelu. C’est la grande tendance du moment», affirme Rosine, coiffeuse dans un institut de beauté dans le quartier Essos.
Décidément, les extensions naturelles ont encore de beaux jours devant elles.