Une campagne de vaccination contre le cancer du col de l’utérus et les autres infections génitales à destination de petites filles âgées de 9 ans se déroulera du 27 novembre au 1er décembre 2019 au Cameroun, a annoncé le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, dans un communiqué publié le 2 septembre dernier.
Le ministre rappelle que «la vaccination est le moyen essentiel de prévention de la survenue du cancer du col de l’utérus à l’âge adulte chez les jeunes filles, avant le début de l’activité sexuelle», et invite par conséquent les parents à se rendre dans les postes de vaccination, notamment dans les formations sanitaires, les écoles et les chefferies, pour y faire vacciner leurs enfants.
Mais peu de temps après cette annonce, une controverse est née autour de cette campagne de vaccination.
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En cause, une vidéo abondamment partagée sur les réseaux sociaux, dans laquelle le Pr Henri Joyeux, cancérologue et chirurgien français, à l’origine d’une pétition contre la vaccination massive des enfants contre les papillomavirus humains (PVH), met notamment en garde les parents contre les deux vaccins actuels (Gardasil et Cervarix), utilisés pour lutter contre le cancer du col de l’utérus.
Ce spécialiste y affirme que ceux-ci entraînent des «effets indésirables graves» chez les personnes traitées, et que des décès ont été notifiés dans des pays comme l’Autriche et les Etats-Unis.
Des propos qui sont venus semer le doute et l’inquiétude des parents, dont nombreux sont souvent réticents à faire vacciner leurs enfants lors des campagnes de vaccination de masse.
Dépistage
«Afin de rassurer les consommateurs et éviter d'éventuels effets indésirables pouvant découler de l'administration de ces molécules à la jeune fille qui deviendra femme demain», le Réseau national des consommateurs du Cameroun (RNC) appelle en conséquence le ministère de la Santé publique à communiquer davantage sur les vaccins qui seront utilisés dans le cadre de cette campagne de vaccination.
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En effet, le communiqué ministériel ne mentionne pas le nom du vaccin qui sera administré lors de cette campagne.
«Quelques jours avant le début des activités, les messages seront diffusés dans les écoles et les ménages en communauté à travers les enseignants ainsi que les mobilisateurs sociaux», écrit simplement le ministre de la Santé.
Le Gardasil est actuellement le seul vaccin commercialisé dans le pays pour lutter contre le cancer du col de l’utérus, une maladie qui concerne chaque année au Cameroun près de 2.300 femmes et provoque plus de 1.500 décès.
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Une dose de ce vaccin est vendue à 35.000 francs CFA au Centre international de vaccination de Yaoundé, contre pratiquement 100.000 francs CFA, pour la même dose, dans certaines pharmacies qui en disposent.
Il faut en outre trois doses, prises dans des intervalles de deux et six mois, pour une immunisation totale.
«La prévention primaire commence par la vaccination anti-PVH des filles âgées de 9 à 14 ans, avant le début de leur activité sexuelle», indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande d’inclure la vaccination systématique contre le papillomavirus dans les programmes nationaux de vaccination, pour autant que la prévention du cancer du col utérin ou des autres maladies liées au PVH, ou les deux, soit une priorité de santé publique. Les médecins, quant à eux, sont d’avis que ce vaccin «ne protège pas à 100%» et mettent plutôt en avant le dépistage, car le cancer du col de l’utérus est le seul cancer à pouvoir être soigné, s'il a été dépisté à temps.