Cameroun: le gouvernement interdit la vente sur le trottoir à Yaoundé

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Le 19/12/2019 à 11h26, mis à jour le 19/12/2019 à 22h16

La mesure, dont l'implémentation débute au lieu névralgique dit «Poste centrale» envahi par les commerçants, vise à lutter contre le désordre urbain. Cependant, les commerçants traînent les pieds pour rejoindre le lieu de recasement indiqué.

Des habits accrochés à même les barrières métalliques qui séparent la chaussée du trottoir. Des chaussures, montres, médicaments traditionnels, etc. étalés à même les trottoirs, rendant difficile la circulation des piétons. Lesquels sont démarchés, voire harcelés durant leur traversée par des vendeurs entreprenants auxquels se mêlent des pick-pockets.

Telle est l'image que présente le lieu dit Poste centrale, en plein centre-ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun. De ce fait, ce carrefour emblématique, considéré comme le point kilométrique zéro, point de passage obligé pour traverser la ville d'Est en Ouest ou du Nord au Sud, peut se révéler un cauchemar à la traversée. Certains usagers préférant même l'éviter.

Face à cette situation, les autorités administratives ont (enfin!) décidé de s'attaquer à ce visage hideux de la ville. En effet, le préfet du département du Mfoundi, circonscription administrative dont Yaoundé est le chef-lieu, a sommé les commerçants qui occupent l'espace et vendent à même le sol, de libérer les lieux.

«L'environnement qui a précédé cette période ne nous permettait peut-être pas d'organiser des opérations d'envergure. Mais le moment est venu de remettre de l'ordre dans la ville. Il faut aller jusqu'au bout de notre action. C'est un haut lieu de tourisme (…) Il est hors de question que ces commerçants choisissent de s'y installer. Toutes les balises construites par le délégué du gouvernement ont été détruites. Ce n'est pas à la poste qu'on fait du commerce. Il y a des marchés pour cela», explique Jean-Claude Tsila, le préfet.

Les quelque 200 commerçants recensés ici doivent être recasés plus loin, au marché du quartier Mokolo, où la municipalité a aménagé des comptoirs. Mais, les vendeurs ne souhaitent pas être aussi éloignés de ce lieu fréquenté, qu'ils jugent plus propice pour leurs affaires.

Selon les autorités administratives, moins de 100 commerçants s'y sont rendus pour identifier et prendre possession des comptoirs. Aussi, avec les déguerpissements imminents, des grincements de dents et des tensions sont-ils à prévoir. Mais, à quelques mois du Championnat d'Afrique des nations (CHAN) 2020, la capitale veut se présenter aux touristes sous un meilleur jour.

Cette opération intervient quelques semaines après les remous provoqués par une autre décision préfectorale, limitant la circulation des mototaxis à certaines zones et leur interdisant notamment l'accès au centre-ville.

L'opération d'assainissement devrait se poursuivre dans le reste de la ville, où les principaux carrefours sont transformés en des places marchandes, et où les débits de boissons dictent leur loi sur les trottoirs.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/12/2019 à 11h26, mis à jour le 19/12/2019 à 22h16