Cameroun: la Fête du Travail phagocytée par le coronavirus

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Le 03/05/2020 à 09h06, mis à jour le 03/05/2020 à 15h25

Crise sanitaire oblige, les traditionnelles festivités populaires ont été annulées. Dans un contexte où les entreprises sont en difficulté à cause de la lutte contre la Covid-19, seules des célébrations à minima ont eu lieu du côté des travailleurs.

Rachel Etoundi, cadre dans une entreprise de transport, a célébré la Journée internationale du travail dans la sobriété. «Cette année, pas de défilé sur la place des fêtes principales de la ville comme d'habitude. Pas de réjouissances populaires non plus à l’issue du défilé. Je n’ai même pas vu mes collègues, car j’étais confinée à la maison», déclare l’intéressée.

En effet, la célébration du 1er mai 2020 a été marquée, voire effacée, par la pandémie de coronavirus (Covid-19) qui sévit dans le pays depuis le mois de mars dernier.

Le pays compte 2069 cas confirmés positifs, soit l’un des chiffres de contamination les plus élevés en Afrique subsaharienne. A tel point que les festivités de la 134e édition de la Fête internationale du travail, célébrées ont été annulées dans le pays. «Les comités d’hygiène et de sécurité au travail: institution de paix sociale, de prévention, de productivité et de développement durable» est le thème retenu pour cette édition.

«Nous avons néanmoins reçu comme d’habitude, les tissus pagnes et certains gadgets à l’effigie de l’entreprise distribués au personnel à cette occasion», indique Gabriel D. employé dans un groupe de presse. C’est notamment le cas dans la plupart des grandes entreprises, où ces gadgets sont commandés longtemps à l’avance. Mais pour les PME et les TPE, où les achats se font dans les derniers jours précédant la célébration, tout a été annulé. Pas de prime ni de récompense spéciales au personnel non plus. La célébration est passée presque inaperçue. Sans strass ni paillettes. Sans réjouissances ni agapes, comme de coutume.

«J’ai même reçu très peu de vœux de la part de mes proches. Je peux les compter. Pourtant, traditionnellement, je n’arrive même pas à répondre à tous les Sms. Avec des collègues, on s’est néanmoins retrouvé pour un pot», affirme Michel Tonye, enseignant.

Selon le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), environ 92% des entreprises sont négativement affectées par la crise sanitaire liée au coronavirus. Notamment à cause des mesures restrictives prises par les autorités publiques pour endiguer la propagation de la maladie.

Dans ce contexte, l’annonce des assouplissements, avec la réouverture des bars et restaurant après 18h, des allègements fiscaux, etc. a été perçue comme un cadeau pour les entreprises et les travailleurs en quête d’un second souffle.

«La situation que nous vivons n’est pas un état normal pour le monde du travail, les entreprises sont en crise, le secteur de l’économie informelle est sinistré et les travailleurs en général sont aux abois. C’est un contexte difficile», indique Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

Aussi, dans certaines entreprises, les agapes et festivités populaires ont-elles fait place cette année à des activités centrées sur la réflexion et des échanges, à travers les moyens de communication de masse disponibles et adaptés pour garantir la diffusion du thème. Ce, pour faciliter son appropriation grâce au dialogue social sur les questions de santé et de sécurité au travail et, enfin, recueillir les contributions des travailleurs et des partenaires sociaux dans la mise en place des comités d’hygiène et de sécurité au travail et leur fonctionnement effectif conformément aux lois en vigueur.

«Malgré cette annulation fort justifiée des festivités publiques, les entreprises comme les travailleurs ont du pain sur la planche pour préparer l’avenir et je leur souhaite à tous de tenir bon», souhaite le ministre du Travail.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 03/05/2020 à 09h06, mis à jour le 03/05/2020 à 15h25