Cameroun: ONG et avocats exigent une enquête indépendante après la mort en détention d'un journaliste

Samuel Wazizi, journaliste camerounais.

Samuel Wazizi, journaliste camerounais.. DR

Le 10/06/2020 à 12h32, mis à jour le 10/06/2020 à 12h32

Les avocats d’un journaliste camerounais mort en détention, Samuel Wazizi, ont exigé mardi devant le tribunal de grande instance de Buea (Sud-Ouest) qu’une enquête soit ouverte, demande reprise par plusieurs ONG internationales.

“Etant donné les faits contradictoires qui entourent la mort de Samuel Wazizi, nous allons demander une enquête sur la cause de son décès”, ont expliqué ses avocats dans un communiqué.

Selon eux, le tribunal qui répondait à leur demande d’habeas corpus, émise avant l’annonce du décès de leur client, s’est contenté de citer un communiqué publié par l’armée camerounaise vendredi qui affirme que leur client est mort deux semaines après son arrestation, en août 2019.

L’armée l’accuse d’avoir agi comme “logisticien de divers groupes terroristes” dans l’ouest anglophone, déchiré par un conflit séparatiste.

Six ONG camerounaises et quatre ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, demandent également une enquête “indépendante, efficace, approfondie et impartiale” dans un communiqué commun.

“Nous sommes toujours choqués que les autorités aient fait disparaître Wazizi et dissimulé sa mort durant 10 mois”, affirme dans ce communiqué Felix Agbor Nkongho, Président du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA).

A Yaoundé, Douala et Buea, des journalistes s‘étaient rassemblés mardi pour demander une enquête, à l’appel du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC).

Pour l’instant, la seule annonce sur les suites de l’affaire a été faite par l’ambassadeur de France Christophe Guilhou vendredi, après un entretien avec le président Paul Biya, qui lui “a dit qu’il allait diriger une enquête”, a affirmé l’ambassadeur à la télévision nationale CRTV.

Les ONG réclament par ailleurs que le Conseil de sécurité de l’ONU “ajoute officiellement la situation au Cameroun à son ordre du jour afin de pouvoir la suivre de plus près”.

Depuis près de trois ans, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont ébranlées par de violents affrontements entre l’armée et des groupes séparatistes.

Les combats, mais aussi les exactions et meurtres commis contre des civils par les deux camps, ont fait plus de 3 000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 10/06/2020 à 12h32, mis à jour le 10/06/2020 à 12h32