Burkina Faso: 14 soldats tués dans l'une des attaques les plus meurtrières

Des militaires bukinabè portant le cercueil d'un frère d'arme tombé sur le champ de bataille.

Des militaires bukinabè portant le cercueil d'un frère d'arme tombé sur le champ de bataille. . DR

Le 13/11/2020 à 10h01, mis à jour le 13/11/2020 à 10h05

Quatorze soldats ont été tués dans une embuscade dans le nord du Burkina Faso, soit l'une des plus graves attaques contre l'armée depuis cinq ans, en pleine campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 22 novembre.

L'attaque a été perpétrée mercredi dans le nord du pays, dans une zone frontalière du Mali et du Niger, l'une des régions les plus touchées par les exactions des groupes jihadistes.

"Un convoi du détachement militaire de Tin-Akoff" est tombé dans "une embuscade tendue par des groupes armés terroristes", a indiqué le porte-parole du gouvernement Remis Fulgance Dandjinou dans un communiqué jeudi soir.

L'attaque contre la "patrouille militaire" s'est produite "sur l'axe Tin Akoff-Beldiabé", des localités situées dans la province de l'Oudalan, a détaillé à l'AFP une source sécuritaire sous couvert d'anonymat.

"Le bilan provisoire de cette embuscade est de 14 membres des forces de défense et de sécurité décédés, huit blessés dont trois graves évacués par voie aérienne à Ouagadougou", a rapporté M. Dandjinou. Une autre source de sécurité a précisé qu'il s'agissait de "13 militaires et un gendarme".

Le premier bilan jeudi matin faisait état de "sept militaires tués, "des blessés", et des soldats "portés disparus", selon une source sécuritaire.

L'armée burkinabè a essuyé ces dernières années de lourdes pertes face aux groupes jihadistes. Parmi les plus graves : 12 soldats tués en décembre 2016 à Nassoumbou (nord), huit en mars 2018 dans l'attaque humiliante contre l'état-major général des armées à Ouagadougou, et "une dizaine" en décembre 2019 à Hallalé (nord).

La plus grave attaque s'est produite le 19 août 2019, lorsque des jihadistes avaient frappé une base militaire à Koutougou (nord), tuant 24 soldats.

L'embuscade de mercredi n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais attribuée au "terrorisme" par le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, mot qui désigne les groupes jihadistes actifs au Burkina et dans plusieurs pays sahéliens voisins, notamment le Mali et le Niger.

"Je demande à l’ensemble de mes compatriotes de porter en prières toutes les victimes du terrorisme, et en particulier nos vaillants fils engagés sur le front. Pensées pieuses pour nos soldats tombés à Tin-Akoff", a déclaré sur son compte Twitter, le président Kaboré, en campagne électorale pour la présidentielle du 22 novembre.

- 'Renverser la tendance' -

Elu en 2015 et candidat à un second mandat de cinq ans, M. Kaboré a lancé sa campagne la semaine passée en promettant de ramener "la paix".

Ses détracteurs lui reprochent justement d'avoir été incapable, lors de son premier mandat, de faire face aux exactions jihadistes toujours plus nombreuses, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires, qui ont fait plus de 1.200 morts (majoritairement des civils) et un million de déplacés depuis 2015 au Burkina.

Le chef de file de l’opposition et candidat à la présidentielle de l’Union pour le progrès et le changement, Zephirin Diabré, a saisi l'occasion de tacler le président.

"Comment peut-on parler développement s'il n'y a pas de sécurité ? Il y a là un enjeu très important auquel il va falloir s’attaquer de manière frontale et réussir à renverser définitivement la tendance", a-t-il déclaré.

"Cette attaque pose la question de la capacité des forces de défense et de sécurité qui ont assuré que les élections allaient se dérouler dans un climat sécurisé. En pleine campagne, cela peut jouer contre le président sortant", estimait l'analyste de sécurité burkinabè Paul Koalaga.

En raison des violences jihadistes touchant une grande partie du territoire, près de 1.500 villages (sur plus de 8.000) dans 22 communes (sur plus de 300) ne participeront pas au scrutin.

En septembre, les députés ont adopté une loi permettant de valider les résultats des élections même si elles ne se déroulent pas sur l'ensemble du territoire.

Le Conseil constitutionnel avait constaté l'existence d'une "force majeure", la "non couverture de 17,70% du territoire national" par le scrutin, en raison de la "présence de groupes terroristes dans les localités, l'absence de l'administration dans les zones affectées, l'abandon par les populations de leurs sites d'habitation pour d'autres localités".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/11/2020 à 10h01, mis à jour le 13/11/2020 à 10h05