Centrafrique: décès de l’imam Oumar Kobine Layama, figure de la paix

L’imam Oumar Kobine entouré du cardinal Dieudonnée Nzapalainga (à droite) et du pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou (à gauche).

L’imam Oumar Kobine entouré du cardinal Dieudonnée Nzapalainga (à droite) et du pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou (à gauche).. DR

Le 29/11/2020 à 11h35, mis à jour le 29/11/2020 à 11h35

L'imam Oumar Kobine Layama, artisan de la paix et du dialogue intereligieux dans une Centrafrique déchirée durant la guerre civile par les violences communautaires, est décédé samedi à Bangui, a appris l'AFP de plusieurs sources.

Oumar Kobine Layama était une figure reconnue pour ses efforts de médiation entre les communautés au plus fort de la crise qui déchirait la Centrafrique en 2013, après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé le régime du président François Bozizé et plongé le pays dans la guerre civile.

Les affrontements entre groupes armés musulmans et milices chrétiennes animistes "antibalaka" ont fait des milliers de morts et forcé près du quart des 4,7 millions de Centrafricains à l'exil.

Président du conseil supérieur islamique, l'imam Kobine Layama était le représentant de la communauté musulmane au sein de la Plateforme des confessions religieuses de Centrafrique (PCRC), et un de ses fondateurs.

Cette plateforme, qui réunit les églises catholiques et protestantes et la communauté musulmane, était devenue la principale médiatrice des violences dans un État failli, et avait reçu le prix des droits de l'Homme de l'ONU en 2015.

"La fibre religieuse a été utilisée seulement pour des fins politiques, pour des pillages, pour s'accaparer les richesses du sous-sol. Ce n'est pas un conflit religieux!", avait déclaré l'imam à l'AFP en 2017.

Son décès intervient à quelques semaines des élections présidentielles et législatives, prévues le 27 décembre. La PCRC a milité activement pour des élections apaisées dans en Centrafrique, en organisant des formations à l'intention des leaders religieux des différentes communautés, pour prévenir notamment les messages de haine.

Depuis 2018, la Centrafrique n'a plus connu de violences communautaires d'ampleur, mais les groupes armés qui occupent les deux tiers du territoire continuent de perpétrer des exactions contre les populations civiles. 

Bien que contesté par une partie de la communauté musulmane qui ne se considérait pas représentée par lui, l'imam jouissait d'une image positive pour son rôle dans la réconciliation. A l'instar de nombreuses personnalités centrafricaines, le député et ancien premier ministre Martin Ziguélé a salué la mémoire d'un "infatigable pèlerin de la paix".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/11/2020 à 11h35, mis à jour le 29/11/2020 à 11h35