D'immense grilles noires séparent ce centre, qui accueille chaque jour une vingtaine de nouveaux malades sévèrement atteints de Covid-19, du reste de la bouillonnante capitale économique.
Une barrière protectrice qui sépare deux mondes différents.
D'un côté, des centaines d'habitants dans les rues environnantes, qui se pressent dans des marchés bondés, sans aucun masque ou respect des mesures barrières.
De l'autre, une centaine de malades sévèrement affectés par le virus, qui se battent pour respirer normalement, alités à côté de leur bonbonne d'oxygène.
Parmi eux, Idoja Isaac, un ancien officier de la marine nigériane âgé de 57 ans.
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"Je n'aurai jamais pensé que le coronavirus pourrait m'atteindre ainsi, il est bien réel et ce n'est pas un ennemi que l'on peut combattre avec des balles", dit-il avec difficulté, son masque respiratoire sur le visage.
L'ancien militaire a été admis la veille dans le centre, mais il avait depuis plusieurs jours déjà de la fièvre et des difficultés à respirer.
Paludisme pour Covid-19
L'homme pensait faire une énième crise de paludisme et n'avait pas imaginé qu'il puisse s'agir du fameux virus qui paralyse la planète entière.
Le Nigeria, avec près de 200 millions d'habitants, comptabilise officiellement 116.655 cas de Covid-19, dont 1.485 morts.
Environ la moitié de ces cas est recensée à Lagos qui avait enregistré la première infection en Afrique subsaharienne en mars 2020.
Mais ces chiffres sont sous-évalués alors que le nombre de tests pratiqués est largement inférieur à ceux réalisés en Europe ou dans d'autres pays.
En outre, la plupart des habitants continuent d'attribuer les symptômes du Covid-19 au paludisme et ne se font ainsi jamais tester.
L'amalgame est tel que le gouverneur de l'Etat de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, a déclaré mardi: "En cette seconde vague du coronavirus, tout symptôme du paludisme doit être considéré comme un cas de coronavirus".
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Cette seconde vague, commencée en novembre, a atteint un pic de contaminations il y a deux semaines, mais semble depuis quelque peu se tasser et se stabiliser, selon les autorités sanitaires.
Dans le centre Covid-19, environ la moitié des lits sont vides. Et dans la petite unité de réanimation, deux lits sur les cinq disponibles accueillent des patients intubés, contre quatre il y a quelques semaines.
"Sous pression"
De même, le nombre de bombonnes d'oxygène nécessaires pour traiter les patients est passé de "70 par jour il y a quelques semaines, à 500 au moment du pic, pour redescendre à 350 aujourd'hui", indique le commissaire à la Santé de l'Etat de Lagos, Dr. Akin Abayomi.
"Nous n'avons jamais manqué d'oxygène, mais nous avons failli ne pas en avoir assez et nous avons été sous pression", reconnaît-il.
Le centre vient d'inaugurer sa propre petite usine d'oxygène, qui permet de produire 60 bombonnes par jours, le reste étant fourni par le secteur privé.
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Mais si les contaminations repartaient à la hausse, ce que n'excluent pas les autorités - alors qu'un nouveau variant du virus a été découvert récemment dans le pays - l'oxygène pourrait venir à manquer.
Plus encore, il faudrait alors gérer un personnel de santé épuisé et à bout.
"Certains d'entre nous ne dorment même plus la nuit", explique le Dr. Adejumo Olusola qui s'occupe d'une unité du centre. "Certains d'entre nous ne partent pas de l'hôpital, nous y restons deux, trois jours, parfois cinq jours d'affilé", souffle-t-il.
Ces derniers prient pour qu'un nouveau pic ne se produise pas d'ici fin février, date à laquelle le pays le plus peuplé d'Afrique, devrait recevoir ses toutes premières doses de vaccin.