De nombreuses femmes camerounaises toujours victimes des graves conséquences d'un accouchement difficile à domicile

VidéoPrès de 25.000 femmes souffrent de fistules obstétricales au Cameroun, avec une moyenne d’environ 2.000 nouveaux cas chaque année. Ces chiffres interrogent le ministère de la Santé publique et ses partenaires stratégiques qui avaient pourtant fixé l’atteinte des objectifs cruciaux à l’horizon 2028.

Le 31/01/2022 à 09h16, mis à jour le 31/01/2022 à 09h52

Le ministère de la Santé, l’UNICEF, l’UNFPA et d’autres partenaires au développement ont pour ambition d’éradiquer cette affection et de redonner du sourire aux familles et principalement aux femmes. Les fistules obstétricales sévissent dans toutes les régions du Cameroun et particulièrement dans les 3 régions septentrionales que sont l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord, mais également dans l’Est, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

La fistule obstétricale est définie en ces termes par MSF (Médecins sans frontières): «La fistule obstétricale est une des conséquences les plus graves d'un accouchement compliqué. Parce qu'elle provoque l'incontinence, cette maladie est humiliante et relègue les femmes en marge de la société». Et d'ajouter que cette affection qui a quasiment disparu des pays occidentaux, est due, le plus souvent, à des «accouchements à domicile, trop longs, (qui) peuvent se solder, si ce n'est par le décès de la mère ou de l'enfant, par des lésions importantes. La compression prolongée de la tête du fœtus sur les tissus du bassin engendre un manque d'irrigation sanguine qui provoque la nécrose de la paroi vaginale, formant un orifice entre le vagin et la vessie, entre le vagin et le rectum ou les deux à la fois».

De plus, au-delà des cas qui pourraient être liées à de la mauvaise chirurgie, les experts accusent certaines pratiques culturelles des populations dans les régions concernées. Ainsi, en plus des accouchements à domicile, sont également mis en cause les grossesses précoces dues aux mariages d’enfants, l’entretien des rapports sexuels prolongés avec des femmes nouvellement mamans et bien d’autres. Les experts de la santé de la reproduction appellent donc à la responsabilité des chefs de familles.

Le coût d’une chirurgie de réparation d’une fistule est estimé au Cameroun à un peu plus de 200.000 fcfa (autour de 300 euros). Un montant largement au-dessus des moyens d’une famille modeste dans le pays. Les femmes peuvent espérer bénéficier des quelques campagnes sporadiques organisées dans certains hôpitaux de référence pour retrouver une vie normale.

Dans la région de l’Adamaoua, les patientes sont par exemple orientées vers l’hôpital protestant de la ville où tout un centre a été créé pour prendre en charge ces opérations. Le Centre de l’espoir retrouvé a été rénové et équipé par le Fonds des Nations Unies pour la population, UNFPA. Il reçoit régulièrement les malades venant du reste du Cameroun, du Tchad et de la République centrafricaine, grâce à la proximité avec ces deux pays limitrophes au Cameroun. Dans ce centre, la prise en charge est entièrement gratuite. 

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 31/01/2022 à 09h16, mis à jour le 31/01/2022 à 09h52