Niamey: inquiétude autour de la prolifération des stations d’essence

VidéoDepuis que l'or noir a commencé à couler au Niger, les stations-service poussent comme des champignons dans la capitale Niamey. Le gouvernement tente de mettre de l'ordre dans le secteur en réglementant les installations, mais c'est un véritable travail de Sisyphe.

Le 05/02/2022 à 11h00, mis à jour le 05/02/2022 à 11h02

Devenu pays producteur de pétrole en 2011, le Niger inaugure sa première raffinerie en novembre de la même année avec une capacité de raffinage de 20 000 barils par jour. La consommation du Niger étant de 7 000 barils/J, les 2/3 restants sont exportés vers les pays voisins. C’est donc avec beaucoup d’émotion et d’optimisme que les Nigériens avaient accueilli à l’époque cette nouvelle qui devait inéluctablement contribuer aux développement économique du pays à travers la création d'emplois et de richesses. L’une d’elle a été à partir de cette époque, la construction des stations services d’essence à travers le pays et principalement dans les grandes villes telles que Niamey, Maradi, Zinder, Tahoua, Agadez.

Mais voilà, en novembre 2011, le ministère du Pétrole et des Énergies renouvelables annonce la suspension de l’instruction de toute demande d’ouverture et d’exploitation de dépôt d’hydrocarbures dans la ville de Niamey. 

Cette décision est motivée par la prolifération des stations services qui ont triplé en 10 ans, passant de 295 en 2011 à 722 en 2021, selon les chiffres officiels.

Ces stations services sont présentes dans tous les coins de rue et souvent non loin des habitations et, dans certains cas, elles sont très proches les unes des autres augmentant ainsi les risques en cas d’incendie.

«Ici, au niveau de l’université de Niamey, vous avez dans le quartier une station service à 500 mètres, puis une autre à 100 mètres. Et entre cette station et une autre il y a 100 mètres. Vous allez constater ce dispositif un peu partout dans la ville de Niamey où entre deux stations il y a juste 200 mètres, et si une d'elles prend feu c’est fini. C’est un danger réel que nous devons combattre. Et ces stations sont construites dans des quartiers populaires où vivent les pauvres. Les riches qui détiennent ces stations sont dans des quartiers où ils n’existent pas ce genre de dispositif. Ils sont en sécurité», explique zama boubacar, habitant de la rive droite. 

«Selon les experts, la distance entre deux stations-service doit être d’un kilomètre. Mais aujourd’hui à Niamey vous verrez à certains endroits que l’écart est de 500, voire 200 mètres. Mais ce qui est encore plus grave, c’est que vous verrez des stations collées à des maisons», alerte Ado Aminou, habitant du quartier rive droite.

Selon les experts, une distance d’au moins un kilomètre doit être observée entre deux stations services d’hydrocarbure. Mieux encore, elles devraient être éloignées des habitations et des zones de commerce. Même si la décision de l’Etat est saluée par les populations, celles-ci considèrent qu’il en est le premier responsable dans la mesure où il a lui-même accordé les autorisations sans opérer au préalable des descentes de terrain afin de s’assurer du respect de la réglementation en matière de sécurité et de limitation des risques de sinistre.

«Quand ils viennent, ils ciblent une maison, ils achètent, ils cassent et ils construisent une station service, et tout ceci aux détriments du règlement, parce que les stations-service ne doivent pas être collées à des habitations. Il y a un problème de suivi du règlement de la part des autorités compétentes. Vous savez dans les habitations les femmes préparent et souvent avec du bois, vous imaginez ce que cela peut engendrer», s'inquiète Naomi Binta, activiste de la société civile.

«La première responsabilité repose sur l’État à travers les ministères sectoriels qui sont d’abord à l’origine des autorisations parce que pour délivrer une autorisations d’exploitation, il faut étudier tout un dossier, et dans celui-ci la norme sécuritaire doit être très importante», explique Malan Cita, activiste de la société civile.

Toujours dans la même dynamique, le ministère du Pétrole avait aussi annoncé la suspension sur toute l’étendue du territoire national, de l’ouverture de tout nouveau centre emplisseur dans l’optique de rationaliser le réseau de distribution de gaz.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 05/02/2022 à 11h00, mis à jour le 05/02/2022 à 11h02