Niger: des handicapés se lancent dans la production de meubles

VidéoAu Niger, plusieurs personnes en situation de handicap développent leurs potentiels en exerçant des activités génératrices de revenus, notamment dans le tissage des chaises, des filets et ballons en cuir.

Le 28/06/2022 à 11h58

Amadou Badjé dirige un atelier spécialisé dans le tissage des chaises, des filets de football, de volley-ball, des lits picot ainsi que dans la fabrication des ballons de football en cuir. Handicapé moteur, il fait partie de ces personnes qui ne laissent pas cette condition freiner leur motivation et leur créativité, et qui ont décidé de développer leur potentiel. Pour lui, le véritable handicap est le manque de travail.

«J'ai fait une formation de 3 ans et après, je me suis installé ici depuis 29 ans. Je considère comme handicapé celui qui ne travaille pas. On voit beaucoup de personnes en situation de handicap circuler en voiture, c’est la preuve que tout est possible si on travaille. Dans la vente de nos produits, une partie sert à acheter du matériel, et nous partageons l’autre partie pour nos besoins quotidiens et ceux de nos familles. J’ai une femme et quatre enfants et c’est grâce à cette activité que je nourris ma famille», explique Badjé.

A cause de leur handicap, de nombreuses personnes sont parfois privées d'éducation, de travail, et même de loisirs. Elles subissent une forme d’exclusion sociale. Hamidou Djibo fait partie des sept apprentis de l'atelier. Depuis quelques temps, il a fait le choix de relever un défi, celui d'améliorer sa condition de vie en refusant de tendre la main. «Avant, je mendiais à travers la ville de Niamey et je trouvais à peine de quoi manger. Un beau jour, j’ai décidé d’apprendre ce métier. Au début, c’était difficile. J’ai persévéré, et aujourd'hui, grâce à ce métier, j’ai fondé ma famille et je continue de gagner ma vie honorablement», déclare-t-il.

De l'atelier d'Amadou Badjé sortent chaque semaine plusieurs articles, dont une quinzaine de ballons, une dizaine de chaises et plusieurs filets, tous vendus à des tarifs abordables. Pour de nombreux clients, ils constituent une référence dans ce secteur. «C'est ici que je fais réparer mes ballons tout le temps et ils sont pratiquement les seuls dans la ville à pouvoir le faire. Je trouve que c’est formidable, surtout qu’ils sont handicapés», explique Zouma Hamidou, client.

Si la société en général voit le handicap comme une sorte d’incapacité, Amadou Badjé et beaucoup d’autres démontrent le contraire. Ils sont une source d’inspiration pour ces personnes en situation de handicap qui hésitent encore à prendre leurs vies en main.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 28/06/2022 à 11h58