Nigeria: un tribunal islamique veut l'arrestation de 10 célébrités pour «conduite immorale»

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Le 08/09/2022 à 17h46, mis à jour le 09/09/2022 à 10h48

Un tribunal islamique du nord du Nigeria a ordonné à la police d’arrêter 10 célébrités locales pour «conduite immorale» sur les réseaux sociaux pouvant influencer la jeunesse, a déclaré jeudi à l'AFP un responsable judiciaire.

Ils sont accusés d'avoir chanté et dansé sur des chansons «immorales» et de les avoir partagées en ligne, a précisé Baba-Jibo Ibrahim. Les célébrités mises en cause sont quatre hommes et six femmes: un chanteur populaire de hip-hop, une actrice célèbre de film et huit influenceurs TikTok avec une forte audience.

Mais, neuf jours après la décision du tribunal islamique, aucun des accusés n’a été arrêté ou signalé à la police, a ajouté ce responsable. «Nous attendons la fin de l’enquête policière avant de décider des suites à donner», a-t-il dit.

La décision du tribunal islamique symbolise les mesures strictes souvent employées par les autorités dans le nord majoritairement musulman du Nigeria pour réglementer le contenu des médias sociaux et forcer les utilisateurs à se conformer aux traditions et aux normes religieuses.

La charia fonctionne parallèlement au droit pénal et au droit civil dans les 12 États du Nord à majorité musulmane du pays.

L'un des mis en cause, le chanteur de hip-hop Ado Gwanja, est accusé d’avoir sorti une chanson intitulée «A Sosa», signifiant «Frotte ton corps» en langue haoussa, sur laquelle les autres célébrités ont dansé dans des vidéos mises en ligne.

La chanson et les vidéos ont notamment suscité la colère des religieux musulmans conservateurs à Kano (nord), la deuxième plus grande ville du pays.

Aucune des célébrités locales mises en cause n'avait réagi publiquement jusqu'à présent. Le chanteur Gwanja et d'autres n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Mardi, l'organisme de régulation de l'audiovisuel NBC avait interdit aux stations de télévision et de radio de diffuser une autre chanson d'Ado Gwanja parce qu'elle contenait, selon lui, des obscénités et «une représentation de l’ivresse comme un mode de vie acceptable».

La ville de Kano abrite une industrie cinématographique florissante appelée Kannywood, qui produit plus de 200 films chaque mois en haoussa, une langue parlée dans la région et dans plusieurs pays d'Afrique de l’Ouest.

Elle accueille également des centaines de studios de musique pour les artistes locaux comme Gwanja qui prennent souvent comme thèmes l’amour, le mariage et l’argent.

Kannywood est surveillée de près par des religieux et des responsables musulmans qui la soupçonnent de promouvoir des valeurs étrangères non islamiques, ce qui a conduit les autorités à créer un conseil de censure qui scrute aussi les réseaux sociaux, au vu de leur très large diffusion.

«Nous ne permettrons à personne de se cacher sous l’omniprésence des médias sociaux pour diffuser du contenu immoral», a souligné Ismail Na-Abba, responsable du bureau de censure de Kano.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 08/09/2022 à 17h46, mis à jour le 09/09/2022 à 10h48