Plusieurs dizaines de maisons se sont écroulées dans ce quartier pauvre du sud de la ville qui borde le fleuve Chari dont le lit a débordé la semaine dernière jusqu'à 5 mètres de haut, emportant les quelques digues de fortune construites par les habitants pour freiner l'avancée des eaux, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Les digues censées contenir le débordement du fleuve Chari ont cédé jeudi matin à 8 heures et ma maison a été entièrement engloutie", raconte Nermercie.
La mairie du 9e arrondissement affirme avoir recensé plus de 60.000 sinistrés, tandis que le transport de la population et de leur biens vers des zones sécurisées est assuré par une centaine de membres des forces de l'ordre. "On déplore la mort d'une femme âgée chez elle il y a une semaine et pas de blessés", a précisé le maire, Mahamat Saleh Kerima.
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Des tentes ont été installées sur trois sites pour accueillir près de 2.000 personnes. "D'autres projets de construction se feront ailleurs pour accueillir les sinistrés. Certains ont rejoint leur famille au centre-ville pour se mettre à l'abri", a-t-il ajouté.
"La montée des eaux cette année dépasse les niveaux des années antérieures. Une grande partie du 9ème arrondissement est sous l'eau. La commune a fourni aux habitants des sacs vides et du sable pour construire des digues. Des ONG et le gouvernement ont apporté leur soutien", a poursuivi l'édile.
Sous l'eau
A l'aide d'une corde, Antoinette Nermercie attache les quelques morceaux de tôles récupérés dans les décombres de sa maison et les dépose dans une pirogue qui doit l'évacuer avec sa famille.
"Les gens sillonnent les rues à bord de pirogue pour voler les biens abandonnés dans les habitations effondrées", raconte la trentenaire qui indique qu'on lui a déjà dérobé des bijoux, de l'argent et une bonbonne de gaz.
Matelas, marmites, chaises, tasses gisent le long de l'axe principal vers le pont de Chagoua qui relie Walia à la capitale.
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Non loin, Marie Noëlle Aziza hèle une voiture pour aller récupérer une partie de ses affaires trempées qu'elle a réussi à sauver. "On n'a pas un endroit où loger, nos effets sont dans la rue. (...) Les eaux nous ont envahis. J'ai perdu mon argent et mon or. Je n'ai plus rien", se lamente la quarantenaire.
Ngartoim Ndojinga habite le quartier depuis son enfance. Le sexagénaire n'a "jamais vu" un "débordement des eaux d'une telle ampleur".
Assis sur une digue de sac de sable qui pourrait céder à tout moment, ce chef de carré qui représente la population auprès des autorités locales peaufine une stratégie avec quelques proches pour tenter de juguler les eaux.
"Nous avons peur que les digues cèdent. Nous avons besoin de sable, de sacs et de nourritures pour faire face. Nous avons été secourus par les autorités communales et les forces de l'ordre pour évacuer les sinistrés", explique Ndojinga.
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Plusieurs jeunes hommes remplissent activement des sacs de sable pour renforcer les digues qui résistent encore, tandis que d'autres installent des passerelles pour que les habitants circulent sans patauger dans l'eau.
"On a prévu une année excédentaire de pluviométrie qui va causer des inondations dans certaines localités. Nous avons demandé aux autorités de renforcer les digues dans la ville de N'Djamena, malheureusement les mesures adéquates n'ont pas été prises", regrette Singambaye Djekounda, directeur des applications météorologiques et climatologiques à l'Agence nationale météorologique, interrogé par l'AFP.
Depuis fin juin, plus de 340.000 personnes ont été affectées par des inondations au Tchad, pays enclavé d'Afrique centrale parmi les moins développés de la planète, selon un bilan provisoire de l'ONU.