Ces propos expliqueraient, en partie, le taux important de refus de permis d’étudiants visant des ressortissants africains francophones souhaitant venir au Canada, et particulièrement au Québec, indique la même source, qui cite la réponse du gouvernement fédéral à un rapport réalisé par le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration (CIMM).
«Ce document de 22 pages a été discrètement mis en ligne à la fin du mois de septembre et n’a fait l’objet d’aucune conférence de presse ni intervention publique du ministre,» ajoute Radio Canada.
Ce constat survient après différents reportages, ces derniers mois, révélant des rejets massifs de demandes en provenance de certains pays d’Afrique.
Cela a provoqué l’incompréhension et la colère des établissements d’enseignement et des demandeurs concernés, indique la même source.
Pour justifier ces refus, Immigration Canada leur reproche, la plupart du temps, une intention de rester au Canada à l’issue de leur formation. Pourtant, dans le même temps, Ottawa met en place des programmes fédéraux pour prolonger le séjour des étudiants étrangers.
Jusqu’alors, le ministère s’était défendu en affirmant que toutes les demandes sont traitées de manière identique, peu importe le pays d’origine.
Lire aussi : Mobilité intercontinentale. Quelles sont les principales destinations des étudiants africains?
Dans sa réponse au CIMM, le ministre Fraser se montre beaucoup plus critique envers le comportement des agents d’immigration de son ministère.
«Le gouvernement convient qu’il est possible d’en faire plus en ce qui concerne les préjugés raciaux et la discrimination au sein de l’organisation et de ses politiques, programmes et fonctions de traitement opérationnel», indique Radio Canada.
«Par inadvertance, il y aurait ainsi des taux de refus plus élevés chez les étudiants africains», souligne Sean Fraser, tout en précisant qu'Immigration Canada lancera une nouvelle étude interne portant sur la «lutte contre le racisme» au «premier semestre de 2023», avec une «ronde de discussions» menée auprès de ses employés.
Le gouvernement, dans l’ensemble de ce rapport, se dit très ouvert à revoir ses processus et se montre favorable à une série de recommandations proposées par un comité parlementaire.
Le gouvernement, promet Sean Fraser, accepte de revoir le processus de sélection des étudiants étrangers. Ces derniers doivent être évalués en fonction de critères davantage liés à leur potentiel et à leur valeur, ajoute-t-il.
Immigration Canada, dit-il, doit déployer davantage d’efforts pour comprendre les différences entre le taux d’approbation des demandes de permis d’études qu’obtiennent les demandeurs africains et celui qu’obtiennent les demandeurs d’autres régions.
Les étudiants africains qui souhaitent rester vivre ou travailler au Canada après leurs études ne devraient pas être pénalisés, souligne le ministre, en reconnaissant qu’il faut clarifier les directives à l’intention des agents.
«L'intention de demander la résidence permanente ne peut mener au rejet d'une demande de permis d'études,» insiste le ministre.
Le gouvernement Trudeau compte aussi renforcer le dialogue entre le Canada et le Québec.
Un groupe de travail conjoint sur les permis d’études sera formé cet automne avec l’objectif d’aboutir à des mesures concertées.
«Là encore, malgré nos relances, Immigration Canada reste flou et n’a fourni aucun plan sur ce sujet. [On est] en train d'élaborer un mandat pour le groupe de travail afin de mieux définir ses objectifs et la fréquence des réunions,» indique Isabelle Dubois, porte-parole du ministère.
Cette idée est cependant accueillie favorablement par Québec, qui, tout en garantissant sa pleine collaboration, met la pression sur Ottawa.
«Le Québec souhaite observer des résultats rapidement dans ce dossier,» souligne Émilie Vézina, porte-parole ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec.
Le MIFI demeure préoccupé par les taux d’acceptation des demandes de permis d’études des étudiants africains francophones, soutient Émilie Vézina, porte-parole du ministère québécois de l'Immigration.
Lire aussi : France. Universités: le Conseil d’État valide la hausse des droits d’inscription pour les étudiants étrangers
Sans s’y engager pleinement, Ottawa compte également étudier la faisabilité de créer un bureau d’ombudsman. Une telle instance est réclamée depuis des années, à la fois par des organismes et des élus fédéraux, face à l’afflux de demandes et de problématiques liées à l’immigration.
«On est content, très satisfait de voir cette ouverture», souligne Claire Launay, la porte-parole de l'organisme Le Québec.
«On a besoin rapidement d’un projet de loi et d’un ombudsman qui a des pouvoirs», ajoute Launay. «Il faut des mécanismes de recours pour les immigrants.»
Fraser promet au préalable un examen approfondi et diverses consultations, avant, éventuellement, de demander les pouvoirs et les ressources appropriés.
«C’est dommage de rallonger le processus, déplore néanmoins Claire Launay. Les preuves de l’utilité d’un ombudsman ne sont plus à démontrer.»