Le Différentiel de revenu décent (DRD), une prime de 400 dollars par tonne en sus du prix du marché, destinée à mieux rémunérer les planteurs, dont des millions vivent dans la misère en Afrique de l'Ouest, «n'a pas répondu à l'attente des pays producteurs», a déclaré à Abidjan Yves Koné, le directeur général de l'organisme de régulation du secteur, le Conseil café cacao (CCC) de Côte d'Ivoire.
«Si les paysans se découragent et ne produisent pas de cacao, il n'y aura pas de chocolat» a averti Koné, se disant «insatisfait du bilan» de ce mécanisme mis en place en 2019.
«Le soutien à l'échelle mondiale des chocolatiers et des négociants à la décision n'a pas pleinement permis de réaliser l'ambition de garantir un prix élevé aux producteurs de cacao», a-t-il ajouté, s'exprimant devant la presse aux côtés de Joseph Boahen Aidoo, directeur général du Cocoa board du Ghana.
Les deux grands producteurs représentant environ 60% du cacao mondial, avaient proposé en 2019 un nouveau mécanisme de fixation des prix visant à contribuer à l'amélioration des revenus des producteurs de cacao appelé DRD. L'objectif du DRD à terme était d'atteindre un prix plancher minimum de 2.600 dollars la tonne, permettant aux producteurs de gagner au moins 70% de ce montant.
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«Aujourd'hui, l'impact DRD sur le prix garanti aux producteurs n'a pratiquement aucun effet sur leurs revenus qui pourtant aurait dû connaitre un augmentation significative en 2021», ont déploré dans un communiqué les représentants des deux pays, promettant de «revisiter» le mécanisme.
Les planteurs des pays tropicaux sont les parents pauvres du secteur: ils ne perçoivent que 6% des 100 milliards de dollars par an que représente le marché mondial du cacao et du chocolat, verrouillé par les grands industriels.
En Côte d'Ivoire, plus de la moitié des planteurs vivent sous le seuil de pauvreté, selon une étude de la Banque mondiale. La situation est comparable au Ghana, où quelque 800.000 familles vivent du cacao.
Le cacao est stratégique en Côte d'Ivoire: il représente 10% à 15% du PIB, près de 40% des recettes d'exportation et fait vivre cinq à six millions de personnes, soit un cinquième de la population, selon la Banque mondiale qui estime que le secteur du cacao doit se transformer pour assurer son avenir et mieux jouer «son rôle de moteur du développement économique».