Vidéo. Sentiment anti-français: Mamadou Koulibaly répond à Macron et fait le buzz

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Le 08/12/2019 à 08h43, mis à jour le 08/12/2019 à 09h29

VidéoAlors qu'Emmanuel Macron a invité les chefs d'Etat africains sur un ton condescendant à venir s'expliquer à Pau sur le sentiment anti-français, l'opposant ivoirien Mamadou Koulibaly, du parti Lider, lui apporte une cinglante réplique.

Mamadou Koulibaly commence par parler du cas de Nathalie Yamb, la militante de nationalité suisso-camerounaise du parti Lider qu'il dirige. Cette dernière, faut-il le rappeler, avait tenu un discours acerbe contre la France et sa politique d'exploitation et d'asservissement du continent, au sommet Russie-Afrique, réuni à Solchi.

Du coup, le gouvernement ivoirien a décidé son expulsion vers la Suisse en lui reprochant de "mener des activités contraires à l'intérêt de la Côte d'ivoire".

Un argumentaire que bat en brèche Koulibaly qui estime que le gouvernement ivoirien est en train de mettre en oeuvre l'instruction donnée par Emmanuel Macron qui demande aux chefs d'Etat africains du pré-carré français de faire taire les opposants qui tiennent un discours anti-français.

"Le président Français demande à nos chefs d'Etat africains francophones de fermer nos bouches, parce que selon lui, nous cultivons un sentiement anti-français", dit-il, avant d'ajouter à l'endroit de Macron: "mais vous savez très bien que c'est faux".

"Monsieur le président Macron, ce que vous appelez "sentiment anti-français", comment allez-vous le présenter?", demande-t-il.

"Je parle français en ce moment et non en Senoufo, en Dioula, en Sérère ou Ouolof ou encore en Soninké ou en Bambara. Donc je ne suis pas contre le français", poursuit-il.

"Je n'ai rien contre les Français, j'ai des amis français, les Français investissent chez nous, nous travaillons pour eux, ils travaillent parfois pour nous et nous allons chez eux et nous nous marions avec eux, nous vivons ensemble, ici comme en France, sans aucune animosité... Donc nous ne sommes pas contre les Français".

"Ce que vous appelez "sentiment anti-français", c'est un ras-le-bol, c'est un refus de la mainmise de l'Etat français sur nos autorités et, par ricochet, sur nos économies, sur nos peuples. Ce que nous refusons se sont les relations incestueuses entre l'Etat français et les Etats africains. Parce que ces relations étouffent la démocratie, les droits de l'homme, le droit de demander des comptes à nos dirigeants".

Enfin, il estime que toutes les valeurs que le chef de l'Etat français s'évertue à défendre chez lui, il incite les chefs d'Etat africains à fouler du pied ces mêmes valeurs chez eux. C'est ce qui crée un sentiment de révolte qui ne fera que prendre de l'ampleur.

Ce clash intervient trois semaines après que le chanteur malien Salif Keïta ait sorti une vidéo allant dans le même sens, accusant la France d'être à l'origine des maux du Mali.

En tout cas, cette intervention de Mamadou Koulibaly n'a pas tardé à faire le tour des réseaux sociaux, voire de la presse internationale.La très respectable agence Bloomberg ne s'en est d'ailleurs pas privée.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/12/2019 à 08h43, mis à jour le 08/12/2019 à 09h29