Vincent Bolloré envisagerait-il de se désengager du continent africain, où du moins de ses activités de concessions portuaires et ferroviaires en Afrique? C'est le bruit qui court depuis que Le Monde a annoncé que la banque d’affaires Morgan Stanley a commencé à sonder de potentiels acheteurs de la branche Bolloré Africa logistics du groupe Bolloré. «La banque d’affaires Morgan Stanley a été chargée de sonder discrètement l’intérêt des acquéreurs potentiels, notamment les grands noms du transport maritime», révèle le quotidien français.
Lire aussi : Concessions portuaires en Afrique: Vincent Bolloré mis en examen
Avec cette branche qui a longtemps était la «vache à lait» du groupe Bolloré et qui a beaucoup contribué à la construction de la fortune de l’homme d’affaires, le groupe est aujourd’hui présent dans plus de 42 pays sur le continent africain. Plus exactement, Bolloré Africa Logistics y est présent sous différentes casquettes: opérateur de terminaux portuaires, agents de lignes maritimes ou encore manutentionnaire de marchandises non conteneurisées. En détail, la filiale du groupe gère 16 terminaux à conteneurs en Afrique centrale et de l’Ouest, 7 terminaux roll-on/roll-off, 3 concessions ferroviaires, des entrepôts, des ports secs… En tout, la branche compte plus de 20.800 collaborateurs au niveau continental.
Lire aussi : Sénégal: Vincent Bolloré épinglé pour un flagrant délit de fraude fiscale
En 2020, les activités de la branche ont généré un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros.
Il s’agit d’activités qui vont susciter de l’intérêt auprès de grands groupes mondiaux de transport maritime et de gestion portuaire déjà présents sur le continent. CMA CGM (France), Maersk (Danemark), Dubaï Ports World (Emirats arabes unis), Cosco Shipping (Chine) figurent parmi les géants du secteur qui pourraient être intéressés par les activités de Bolloré Africa Logistics évaluée entre 2 et 3 milliards d’euros.
Ce désengagement entre dans le cadre du recentrage du groupe sur les secteurs des médias télévisuels, de la publicité et de la communication.
Lire aussi : Afrique: 40 ONG exigent de l'ONU qu'elle mette fin à ses juteux contrats avec le français Bolloré
Reste que même avec la cession de Bolloré Africa logistics, le groupe Bolloré restera présent au niveau du continent où il conserverait des activités de distribution pétrolière, de systèmes de stockage d’électricité, de participations financières, de plantations, et bien évidement une présence via son groupe de communication Vivendi et ses filiales bien présentes en Afrique via Havas et Canal+. Le désengagement de l’activité Bolloré Africa Logistics pourrait accélérer le développement du groupe dans les médias et/ou le transport et la logistique dans d’autres régions du monde.
Lire aussi : Ports africains. Corruption: le groupe Bolloré mis en examen
Une chose est sûre, ce désengagement, s’il est confirmé, intervient dans un contexte particulier d’un sentiment anti-français en Afrique subsaharienne, notamment en Afrique francophone où le groupe Bolloré est fortement implanté et peut compter sur des réseaux d’amitiés politico-affairistes pour pousser ses pions, dans la pure tradition de la «Françafrique». D’ailleurs, l’homme d’affaires, digne héritier des trusts coloniaux et des réseaux françafriques, n’est pas en odeur de sainteté dans certains pays à cause de ses accointances avec certains dirigeants africains et les accusations de corruption et d’abus de confiance, comme en attestent les nombreux procès intentés à l’encontre de son groupe.