Esclavage en Libye: une action diplomatique ferme après l'indignation

Le 24/11/2017 à 10h08, mis à jour le 24/11/2017 à 10h09

Face à l'indignation continentale suscitée par l'enquête de CNN sur l'esclavage en Libye, les gouvernements africains ne pouvaient que sortir de leur réserve. Longtemps silencieux sur ce secret de polichinelle, leur réaction s'étend désormais au champ diplomatique.

Alpha Condé, le président en exercice de l'Union africaine, avait appelé les autorités libyennes à ouvrir une enquête pour évaluer les responsabilités dans le drame libyen et traduire les personnes incriminées devant la justice. Quatre jours après sa réaction, son ministre des Affaires étrangères, peut-être poussé par trois jours de manifestations à Conakry, a rappelé le consul de Guinée à Tripoli. "Afin de mieux évaluer la situation sur le terrain, le ministère, sur instruction du président de la République, a rappelé son chargé d’affaires en Libye pour consultation", a précisé un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

En rappelant son diplomate, le gouvernement guinéen a réitéré son indignation face à ce commerce "odieux et ignominieux" d'êtres humains.

La réaction diplomatique de la Guinée a été précédée par d'autres sur le continent. Déjà, le 19 novembre, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Ibrahim Yacoubou, avait convoqué l'ambassadeur libyen à Niamey pour lui notifier que "tout doit être mis en oeuvre pour faire cesser cette ignominie ".

Le Burkina Faso, lui, est allé un peu plus loin en rappelant son ambassadeur à Tripoli. Lundi, le chef de la diplomatie burkinabè, Alpha Barry annonçait que le président du Faso avait demandé à l'ambassadeur de revenir pour le briefer sur la situation libyenne avant le sommet d'Abidjan qui abordera cette question.

Quelques heures avant cette annonce, Alpha Barry avait convoqué le chargé d'affaires libyen à Ouagadougou pour lui exprimer "toute l'indignation du gouvernement et du peuple burkinabè face aux images qui ont été vues".

Le Mali, mais aussi la RDC, ont également fait rappelé leurs ambassadeurs en Libye. Dans ces pays, des citoyens ont également répondu aux appels à manifester devant les ambassades libyennes en Afrique.

Par contre en Côte d'Ivoire, pays d'Alpha Blondy — un des leaders d'opinion ayant appelé aux manifestations contre l'esclavage des Africains en Libye — la manifestation a été étouffée. Le gouvernement ivoirien a quand même traité la question lors d'un conseil des ministres. Conséquence: rapatriement des migrants ivoiriens de Libye.

Dans la région des Grands lacs, le Rwanda a également réagi à travers son ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie a souligné que le Rwanda ne peut «rester silencieux alors que des êtres humains se font maltraiter et vendre comme du bétail». Le communiqué ajoute: «le Rwanda n’a pas la prétention de pouvoir accueillir tout le monde, mais la porte est grande ouverte». Le pays de Paul Kagamé s'est même dit prêt à accueillir 30.000 migrants coincés en Libye.

En Afrique du nord, des manifestations ont eu lieu à Rabat devant l'ambassade de la Libye et à Tunis.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 24/11/2017 à 10h08, mis à jour le 24/11/2017 à 10h09