Raphia, coton, sac de jute de cacao, parures... Voilà des matières, parfois inédites, qu'on retrouve désormais dans les collections de mode en Côte d'Ivoire.
Les stylistes promeuvent le «Made in Côte d'Ivoire» voire le «Made in Africa», afin mieux exporter leurs créations, y compris hors du continent. Autant d'évènements qui permettent une réelle ascension de la mode ivoirienne.
«En Côte d’Ivoire, vous verrez sur toutes les tenues les motifs africains, les cauris, les tam-tams, surtout tout ce qui est africain, parce que nous avons beaucoup de belles choses à présenter», explique la styliste ivoirienne Ruth Amour Design.
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La mode prend donc peu à peu son envol en Côte d’Ivoire, et plusieurs défilés sont d’ailleurs régulièrement organisés dans le pays, tout particulièrement à Abidjan, la capitale économique. Après avoir traversé des années bien sombres, à cause de la crise post-électorale de 2010-2011, aujourd'hui, il faut désormais compter avec l'Abidjan Fashion Week, l'Afrik Fashion Show ou même les Awards du Mannequinat Africain...
«Il faut que les Africains adoptent le style africain, qu’ils achètent et consomment africain, grâce à nos designs. C’est ça notre objectif, et si toute l’Afrique s’habillent chez des designers africains, l’Europe va suivre», soutient pour sa part Noel Sedeh, créateur de mode.
Pathé Ouédraogo, Ciss st Moise, Gilles Touré et bien d’autres font partie de la première génération de stylistes ivoiriens. Une génération qui a su acquérir une notoriété mondiale, en habillant de nombreuses personnalités, dont des chefs d’Etat.
Aux côtés de ces précurseurs, aujourd'hui, de nouveaux talents du stylisme ont éclos, des "juniors", comparés à leurs aînés qui passent le flambeau à ces nouvelles stars de la planète fashion ivoirienne, rivalisant d’imagination dans leurs créations, continuant à porter haut les couleurs de la mode dans le pays.
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«Mon rêve, c’est de défiler sur des grands podiums à l’international, avec des stylistes internationaux. Je prie vraiment Dieu pour que ce rêve se réalise, que je fasse partie des références de ce pays la Côte d’Ivoire», affirme ainsi, ambitieuse, la styliste modéliste Charlotte Yébôdé Séry.
En plus de la mode vestimentaire, le mannequinat, la décoration et le maquillage font, eux aussi, aussi partie de l’univers de la mode ivoirienne, et participent à son rayonnement.
Toutefois, certains acteurs de la mode exercent encore leur activité de façon informelle, les sponsors sont peu nombreux et les accompagnement financiers parfois insuffisants... Autant de facteurs qui sont aujourd'hui encore de vrais obstacles aux efforts menés par les différents acteurs ivoiriens, afin d'en faire une plaque tournante de la mode dans le continent.
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«La réalité c’est d’abord le côté financier, car on a beau être créateur, avoir de très belles idées, il faut pouvoir les réaliser donc c’est assez coûteux. Ensuite il y a un accompagnement aussi, donc je pense qu’il faut que ce qu’on fait puisse être structuré et accompagné pour développer la marque de manière à ce qu’elle soit pérenne», suggère Hadji Diallo, promoteur de la marque Hadji style.
La Côte d'Ivoire, il est important de le souligner, est en 2021 le deuxième pays producteur de coton en Afrique, juste après le Bénin.
Le coton, très utilisé dans l'industrie textile dans le monde entier, est une matière dont les créateurs ivoiriens s'inspirent pour présenter de nouvelles tenues, puisées dans l'esprit du pagne africain. Une manière de mettre en valeur le panafricanisme, à l'ère de tendances mondialisées.