L’immigration clandestine, le chômage des jeunes, la corruption, les modifications opportunistes de constitution, les crises politico-militaires, la réconciliation nationale ... Autant de sujets d'actualité qu’abordent les auteurs ivoiriens. L’ancienne comme la nouvelle génération mettent ainsi leurs plumes engagées au service de la société.
Leurs écrits sont donc dénonciateurs, enrichissants et didactiques. Une écriture qui se veut un devoir de vérité, de mémoire pour "conscientiser" le peuple. C’est le cas de l'œuvre "Duékoué, la vérité interdite" du journaliste-écrivain Saint Tra Bi. Ici, l’auteur, qui a été le témoin oculaire de la crise post-électorale de 2010-2011 à Duékoué, à l'ouest du pays, où il y a eu des atrocités, relate sans faux-fuyants cette page sombre de la récente histoire ivoirienne.
"Je veux dire aux Ivoiriens qu’à un moment donné, nous avons franchi la ligne rouge parce que dans les rues de Duékoué j’ai compté 265 corps et j’ai toutes les photos de ces corps. Ce livre appelle à la paix, c’est pour leur dire plus jamais ça chez nous", explique Saint Tra Bi, journaliste et écrivain.
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Imaginative et dynamique, la nouvelle génération, surtout de femmes écrivaines, est prolifique. Pas de sujets tabous chez elles. Polygamie, mariage forcé, l’émancipation des femmes, telles sont les principales thématiques de leurs oeuvres.
Elles marchent donc allègrement dans les sillons tracés par les devancières de la littérature ivoirienne comme Véronique Tadjo, Fatou Keita et bien d’autres. Par exemple, "Douleur pourpre" de la jeune Jocelyne Kounka Kpan et "Fatima ou l’autre femme" de Nadia Frédérique Kouakou Niamkey s’inscrivent dans ce registre d’émancipation des femmes.
"La lutte contre le mariage forcé et la lutte contre la polygamie, parce que toutes ces choses-là engendrent des histoires qui ne permettent pas à certaines personnes de bien vivre. Si on lit bien 'Fatima ou l'autre femme', on voit que des personnes souffrent de ce phénomène là", se défend la romancière Nadia Frédérique Kouakou Niamkey .
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La Côte d’Ivoire compte plus d’un millier d’auteurs. 600 sont membres de l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire. Selon ce creuset, une fois par mois, au moins une œuvre littéraire est publiée dans le pays. Le pays compte d'ailleurs une cinquantaine de maisons d'édition.
Mais les défis du monde littéraire ivoirien sont entre autres le manque de bibliothèques, la disparition de librairies de références, la cherté de certaines œuvres, le manque de goût pour la lecture…
"Lisez, lisez moi je le dis pendant mes conférences, d’ailleurs, quel que soit le domaine d’activité personne ne peut se passer de lecture", conseille pour sa part l'écrivain et conférencier Melama Diomandé.
Le Salon International du Livre d’Abidjan (SILA), le Festival International Efrouba du livre, le festival international de la poésie d’Abidjan sont de nombreux événements littéraires qui se déroulent régulièrement dans le pays, pour mieux valoriser l’industrie du livre.