Côte d'ivoire: une bibliothèque féministe «1949» dédiée aux écrivaines africaines et afro-descendantes du monde entier

VidéoElle est probablement la première bibliothèque féministe de la Côte d’Ivoire. Implantée dans la célèbre commune de Yopougon à Abidjan, la bibliothèque est dénommée 1949. Ce lieu de lecture est entièrement dédié à la promotion des ouvrages écrits par des femmes africaines et afro-descendantes.

Le 30/01/2022 à 15h24, mis à jour le 30/01/2022 à 15h29

C'est une petite maison aux couleurs roses du quartier Ananeraie de Yopougon à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, qui abrite la première bibliothèque féministe du pays. Elle est baptisée 1949 en référence à la marche des femmes sur Grand Bassam, la première capitale de la Côte d’Ivoire, pour réclamer à l'administration coloniale française la libération de leurs époux et militants du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) détenus pour leurs activités politiques. Fonctionnelle depuis mars 2020, la 1949 est l'initiative de l'écrivaine ivoirienne, et activiste littéraire, Edwige Renée Dro.

«Le premier bouquin publié par un homme en Côte d’Ivoire remonte à 1933 et le premier bouquin publié par une femme en Côte d’Ivoire date de 1980. Donc il y a un écart de 47 ans qu’il faut chercher à combler quelque part. Notre bibliothèque a la mission de déterrer, d’amplifier les contributions des femmes noires afin d’inspirer les générations présentes et futures», affirme Edwige Renée Dro, fondatrice de la bibliothèque 1949.

A l'intérieur de la bibliothèque, notamment sur les murs, on retrouve les portraits de différentes femmes africaines et afro-descendantes du monde entier et de divers secteurs d'activités. De la littérature à la mode, en passant par le commerce, sans oublier la musique et la politique. Bref, les femmes fortes du monde noir de tous les domaines sont à l'honneur au sein de 1949. On peut citer par exemple, l’artiste interplanétaire sud-africaine Myriam Makeba, Oprah Winfrey des Etats-Unis, les amazones du Bénin, la célèbre écrivaine sénégalaise Mariama Ba, la meneuse ivoirienne de la marche sur Grand Bassam Marie Koré, mais également les nana benz, ces femmes d’affaires puissantes du Togo. Toutes incarnent ici la persévérance, l'ambition et la réussite. Ces icônes ont toutes des trajectoires différentes, racontées dans des romans ou non, mais elles incarnent de diverses manières le féminisme.

«Ce qui m’importe c’est qu’il y ait la représentativité. Que des jeunes filles, des jeunes femmes, des jeunes garçons et des hommes se disent “moi aussi je peux”, en regardant les parcours de personnes qui sont venues avant elles», soutient la fondatrice de la bibliothèque 1949, Edwige Renée Dro.

La bibliothèque des écritures féminines d’Afrique et du monde noir propose pour le moment au public des ouvrages en français et en anglais, ainsi que des activités. Le voyage littéraire pour les tout petits de 5 à 8 ans qui consiste à lire aux enfants des histoires écrites par des femmes africaines et noires de tous les pays du monde, ou encore le club d’anglais pour les adolescents et adolescentes afin de les inciter à la pratique de langue anglaise, ainsi que les causeries littéraires pour les adultes sont entre autres les activités que mènent le 1949. Des programmes qui attirent un large public de tous sexes et de toutes générations.

«Les femme doivent être mise en avant de la plus belle des façons, donc faire une bibliothèque féministe qui va faire la promotion à travers des livres féministes, ça ne me gêne pas du tout tant que ça nous permet de lire et de comprendre ce qui se cache derrière cette idéologie, alors c’est une bonne chose», affirme Hermann Boni, journaliste et abonné à la bibliothèque 1949.

«Ça fait la deuxième fois que je fréquente ce lieu et j’aime beaucoup tout ce qu’on nous propose ici. Le personnel est attentionné et sincèrement j’aime cet endroit», confie Marie Louise, une élève du primaire, elle aussi abonnée à la bibliothèque 1949.

En 2022, la Côte d’Ivoire compte 20 bibliothèques publiques soit 1 bibliothèque pour 1,3 million d'habitants, ce qui est encore très insuffisant pour la promotion du livre selon des spécialistes.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 30/01/2022 à 15h24, mis à jour le 30/01/2022 à 15h29