Un audit révèle un détournement de 5 milliards FCFA dans la filière anacarde

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Le 23/05/2016 à 12h12

La filière de l’anacarde entre dans une période de tourmente. Un audit du cabinet Deloitte, commandité par la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG), épingle l’actuelle direction générale. Un trou de 5 milliards FCFA a été découvert.

La réputation du Conseil coton anacarde, structure publique en charge de la filière de l’anacarde, est mis à mal par les résultats d’un audit de ladite filière commandité de la HABG, institution chargée de la lutte contre la corruption, qui a fuité dans les médias.En effet, une malversation portant sur la somme de 5 milliards FCFA a été mis à nu dans les comptes du Conseil par le rapport du cabinet Deloitte, cité par la presse ivoirienne. Un coup dur pour le CCA qui avait pourtant mené à bien, depuis 5 ans, la réforme du secteur au point de faire de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial de noix de cajou.Tout est parti, selon des sources proches du dossier, d’une plainte de l’Association des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire (AEC-CI) déposée auprès de la HABG suite à des retraits «suspects» récurrents effectués sur l’un des comptes du CCA qui loge le Fonds «sacherie export». Un fonds destiné à l’achat d’emballages règlementaires au profit des exportateurs et dont la gestion était jusque-là au centre de tensions entre les deux parties.L’audit aurait ainsi passé au peigne fin la gestion du CCA depuis sa création en 2013 jusqu’à fin 2015.Le Conseil coton-anacarde, dans sa mission de gestion de la filière, ponctionne différentes taxes au titre de la parafiscalité. Des prélèvements qui ont quadruplé en l’espace d’un an, passant de 9,83 francs par kilogramme en 2014 à 45,33 francs en 2016. Des montants que les paysans ne manquent pas de dénoncer et qui, selon eux, sont à la base d’un prix d’achat jugé relativement bas, officiellement fixés à 350 FCFA/kg.Du côté du CCA, tout comme des autorités ivoiriennes, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée.Pour la campagne 2016, la Côte d’Ivoire vise une production de 725.000 tonnes de noix, en hausse de 3,2% par rapport à 2015. La première partie de campagne s’est toutefois soldée par un recul de 20% de la production, à 450.000 tonnes.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 23/05/2016 à 12h12