5 milliards de dollars de recettes d’exportation de cacao volatilisées entre 1995 et 2014

cacao. DR

Le 20/07/2016 à 13h47

Les exportations des pays producteurs de matières premières font l’objet de fraude et de détournement selon le rapport de la CNUCED (conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement). La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, n’est pas en reste.

Jusqu’à 67% des recettes d’exportations de matières premières déclarées dans les pays d’origine ne sont comptabilisées dans les registres des pays importateurs. Ce qui représente un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars pour les pays exportateurs de ces produits de base, bien souvent des pays en développement.

Selon la CNUCED qui tire ces conclusions dans son rapport publié ce 16 juillet sur les transactions de produits de base, les écarts sont flagrants entre les données fournies par ces Etats et ceux enregistrés par les pays qui reçoivent effectivement les marchandises déclarées. La falsification des documents de transaction commerciale, le contournement des procédures administratives et surtout la sous-facturation sont les méthodes utilisées pour masquer la sortie frauduleuse de ces matières premières.

En Côte d’Ivoire, selon les données compilées par l’institution entre 1995 et 2014, sur 17,2 milliards de dollars de fèves de cacao exportées aux Pays-Bas, 5 milliards de dollars, soit 31,3%, n’apparaissent pas dans les comptes de ce dernier pays.

Une situation similaire qu’on retrouve dans d’autres pays du continent, note le rapport. De 2000 et 2014, la sous-facturation des exportations d'or de l’Afrique du Sud vers l’Inde, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume Uni est évalué à 78,2 milliards de dollars, soit 67% de la valeur totale d'or exporté sur la période. Au Nigeria, la sous-facturation des exportations de pétrole vers le Royaume uni entre 1996 et 2014 est estimée à 69,8 milliards de dollars.

Et entre 1995 et 2014, sur les 28,9 milliards de dollars d’exportations de cuivre enregistrées par Zambie vers la Suisse, plus de la moitié de ces exportations ne figure pas dans les livres de ce Etat européen.

Transparence

La recherche de profits, l’évasion fiscale et la fuite de capitaux figurent au nombre des raisons évoquées par le rapport pour expliquer cette pratique. «Les pays importateurs et les entreprises qui veulent préserver leur réputation devraient davantage jouer la transparence et collaborer» pour éclaircir les zones d’ombres et notamment investiguer sur la destination de ces marchandises disparus des circuits officiels, a commenté Mukhisa Kituyi, le secrétaire général de la CNUCED.

Le document a été rendu public alors que se tient du 17 au 22 juillet la 14e conférence ministérielle de la CNUCED à Nairobi, au Kenya.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 20/07/2016 à 13h47