La conserverie Pêche et froid Côte d’Ivoire sur le point de fermer avec ses 1.500 employés

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Le 03/08/2016 à 17h54

Les 1 500 employés de la société de conserverie de thon, «Pêches et froid Côte d’Ivoire», sont sur la sellette. L'employeur leur a signifié leur licenciement dans le courant du mois. En cause, la non application par l’Etat ivoirien de l’accord de régime franc dont il devrait bénéficier.

Le compte à rebours est lancé pour les salariés de la société Pêche et Froid Côte d’Ivoire (PFCI). Ces derniers au nombre de 1.500, dont 1.200 femmes, devraient perdre leurs emplois, suite à la fermeture annoncée de leur entreprise, à compter du 22 août prochain. Un processus qui semble irréversible a priori.

Dans une note adressée à l’Inspection du Travail de Vridi, dans la zone portuaire d’Abidjan où la société est installée, Mohammed Kachab, le PDG de l’entreprise, égrène une série d’explications dont la principale reste le non-respect des textes du régime franc accordé par le gouvernement ivoirien à la création de la société à la fin des années 90.

Selon lui, les facilités accordées par les autorités dans ce cadre ne sont que partiellement, voire pas du tout appliquées «depuis une dizaine d’année». Ce régime prévoyait outre l’exonération des taxes à l’import et à l’export, la réduction de 50% des charges d’électricité, d’eau et de téléphone. Des clauses non respectées qui ont entrainé une créance de 1,7 milliard FCFA, soit 2,59 millions d’euros, à devoir par l’Etat ivoirien.

En outre, «le changement de la politique d’approvisionnement de la majorité des clients, en Europe particulièrement, impacte significativement la rentabilité de PFCI. Cette situation contribue à accroître ses pertes d’exploitation (…). Ces facteurs ont considérablement fragilisé la santé financière de l’entreprise (…) ce qui a conduit à la perte de plus de la moitié de ses capitaux propres», a-t-il argumenté.

Par ailleurs, poursuit Kachab, la destruction par incendie du magasin principal de l’entreprise en juin 2014, a entraîné un préjudice de 2,5 milliards FCFA.

De sources proches de l’entreprise, l’on apprend que déjà 800 journaliers ont été remerciés.

A la création de PFCI, la Côte d’Ivoire -dont les eaux regorgent d’importantes quantité de thon, faisant d’Abidjan le premier port thonier d’Afrique- avait accordé ce régime de faveur à l’entreprise, qui exporte quasiment toute sa production, afin de maintenir son implantation et garantir sa rentabilité. Au surplus, la forte main-d’œuvre utilisée avait été un argument de poids à l’époque.

Les regards sont donc tournés vers le gouvernement qui ne s’est pas encore exprimé sur la question.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 03/08/2016 à 17h54