Selon le document de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) 2012-2020, la Côte d’Ivoire projetait de devenir autosuffisante en riz cette année et envisageait dégager un surplus de production à exporter dès 2018. Mais l’échéance 2016 semble bien ratée et à l’Office nationale de développement de la riziculture (ONDR) ce n’est plus un secret de polichinelle. Selon plusieurs sources interrogées auprès de la structure, la production rizicole ivoirienne reste encore à la peine malgré des conditions climatiques favorables et de grandes avancées enregistrées ces dernières années.
La production est en effet passée, selon les chiffres officiels disponibles, de 984.000 tonnes en 2012 à 1,34 millions de tonnes en 2014, en hausse d’environ 36% et la tendance s’est poursuivie en 2015. Mais dans le même temps, les importations qui culminaient à 1,27 millions de tonnes en 2012 avant de baisser à 830.000 tonnes en 2013 ont remonté à un peu plus de 952.000 tonnes fin 2014 en raison de la forte urbanisation, le riz étant l’aliment le plus accessible.
«Faire du riz coûte cher et les ressources ne sont pas toujours disponibles pour engager les investissements nécessaires», explique un expert de la filière. Aussi, plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer ce rendez-vous manqué. La question de l’accessibilité aux semences de qualité et d’engrais pour assurer une bonne productivité se pose de façon récurrente.
En outre, la disponibilité des terres et la mise en valeur des immenses bas-fonds dont regorge le pays exigent des investissements importants qui tardent à être réalisés. Egalement, dans de nombreuses contrées, la culture et surtout le décorticage du riz se fait à la force des bras, une activité particulièrement pénible qui continue de nourrir l’aversion pour cette culture.
«Les résultats de la recherche ont permis de créer des ressources végétales performantes. Mais la solution viendra surtout des innovations technologiques à apporter dans la filière, depuis l’irrigation des parcelles jusqu’au labour en passant par le décorticage», assure-t-on.
Outre la pénibilité, il y a les coûts de production qui peuvent parfois rendre problématique la vente de la production nationale. «Nous avons du riz de bonne qualité et il existe même des marques de riz local, mais il y a encore des efforts à faire au niveau du prix pour être compétitif par rapport au riz asiatique importé».
A l’ONDR, l’on se veut plus optimiste. «Les pertes de devises du fait des importations sont trop importantes et il y a une nécessité moins à assurer notre autosuffisance alimentaire si nous voulons là aussi ne pas rater le train de l’émergence, nous allons certainement y arriver pour 2020», avance avec certitude un cadre de cette administration qui a la mission de relever un défis vieux de plus de 3 décennies.