Côte d’Ivoire: vers une stratégie d’exportation du textile et habillement vers les États-Unis

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Le 18/10/2016 à 15h31

A nouveau éligible à l’AGOA -African growth opportunities act-, la Côte d'Ivoire veut en profiter pour bâtir une véritable industrie du textile et de l’habillement sur le modèle asiatique. Abidjan qui dispose de huit 8 ans pour y arriver prépare d'ores-et-déjà une straégie pour relever le défi.

Identifiée comme secteur à forte valeur ajoutée, la filière du textile et de l’habillement est dans le viseur du gouvernement ivoirien qui ambitionne de diversifier ses exportations américaines composées à 75% de produits du cacao et dérivés.

Certes le pays dispose de couturiers et stylistes de renommée internationale, comme Pathe’o, Ciss St Moise, et constitue un important producteur de coton sur le continent. Mais les défis sont tout autres: comment par exemple passer de petites unités d’artisans qui produisent au mieux 50 vêtements quotidiennement à 5.000 par jour et pouvoir ainsi être présents sur le marché américain?

«Les pays qui profitent de l’African growth opportunities act (AGOA), ou Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, sont ceux qui disposent d’une stratégie d’exportation transversale qui couvre toute la chaîne allant des conditions de production jusqu’à l’arrivée du produit sur le marché américain», a fait savoir Paul Milogo, consultant de la Banque africaine de développement (BAD), à l’ouverture de l’atelier sur la stratégie nationale AGOA, ce mardi.

Pour ce faire, la politique envisagée doit intégrer une volonté politique forte a plusieurs niveaux, recommande Emanuel Odonkor, consultant à Trade Hub, une organisation américaine à l’initiative de la rencontre. Citant l’exemple de ce pays, il a souligné qu’en 2015, les exportations vers les États-Unis dans ce secteur ont rapporté 19 millions de dollars, grâce notamment à la création d’infrastructures telles les zones franches, l’apport de subventions pour la formation des ouvriers ou encore pour les charges d’électricité, des appuis techniques pour se conformer aux normes outre atlantique, etc.

Dans le cas spécifique ivoirien, le secteur n’a pas intéressé, pour l’heure, les investissements étrangers et les quelques acteurs locaux peinent à suivre les exigences américaines.

«Nos industries de filature locales comme la COTIVO étant à l’arrêt, il est donc difficile de trouver de la matière première sur place. Les machines utilisées sont de seconde main, peu productives, et consomment plus d’électricité. Il nous est difficile dans ces conditions, sans financement et sans subventions, de tenir la compétition pour fournir le marché américain», a fait remarquer Frédéric Tanoh, d’O’sey Collection, l’une des rares marques locales d’habillement qui exporte vers les États-Unis.

Conséquences, comme l’ont révélé les experts, il revient 2,5 fois plus cher de produire des vêtements en Côte d’Ivoire qu’au Maroc et trois fois plus qu’en Tunisie. 

Les travaux de l’atelier, qui s’achèvent ce mercredi, vont donc permettre de définir les mesures et actions urgentes à engager pour construire avant 2025, date d’échéance du round actuel de l’initiative AGOA, un véritable secteur industriel de l’habillement et du textile.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 18/10/2016 à 15h31