Côte d’Ivoire: la coalition au pouvoir tire la sonnette d’alarme face aux mouvements sociaux

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Le 08/02/2017 à 17h41, mis à jour le 08/02/2017 à 17h45

Il y a bien un péril qui menace la Côte d’Ivoire si l’on «continue à trop tirer sur la corde», alerte le RHDP, la coalition au pouvoir. Après les mutineries et les grèves de janvier, le pays est confronté à de nouvelles revendications. L’économie ivoirienne risque de payer un lourd tribut.

Après avoir versé 5 millions de FCFA à chacun des 8.500 mutins au mois de janvier, le gouvernement devrait leur décaisser un million supplémentaire durant les sept prochains mois, pour un total de 102 milliards de FCFA, soit 155,5 millions d’euros.

Les fonctionnaires ont suspendu une grève de trois semaines après avoir obtenu un engagement de financement de 21,3 milliards de FCFA, soit 32,5 millions d’euros, et réclament encore 246,7 milliards de FCFA, soit environ 376 millions d’euros, sans compter les acquis de la réforme des retraites qui devraient entraîner de nouvelles subventions publiques.

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«L’Etat est notre bien à tous, ne tirons pas trop sur la corde. Parce que si l’État consacre toutes les ressources du pays au paiement des salaires... dans les années à venir ce sera difficile», a alerté le ministre Kobenan Adjoumani, porte-parole du RHDP, la coalition politique au pouvoir, au cours d’une conférence de presse, hier mardi 7 février.

Dans un pays qui bénéficiait des pronostics favorables des institutions financières internationales, l’heure est aux interrogations sur la capacité du gouvernement à continuer à répondre aux revendications: «partout où l’on a forcé le gouvernement à puiser abusivement dans les caisses, il y a eu des lendemains catastrophiques», a-t-il souligné en faisant valoir un possible renoncement aux recrutements dans la Fonction publique pour faire face à ces dépenses, ce qui fermerait «les portes de l’administration à notre jeunesse».

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Cette fin de janvier déjà, les Ivoiriens avaient eu un avant-goût des difficultés de trésorerie de l’Etat avec le virement des salaires le 1er février, alors que cela se faisait deux jours plus tôt d’ordinaire.

Il faut dire que la Côte d’Ivoire traverse une série noire en ce début d’année. Outre les revendications qui se multiplient avec la grogne des Forces spéciales depuis hier, le pays pourrait pâtir de la crise du cacao, son premier produit d’exportation et dont les cours ont chuté de 25% ces douze derniers mois, selon la Banque mondiale. Ce qui induit une mévente de sa production achetée trop cher aux paysans. Un autre indice de la fragilité d’une économie, pourtant abonnée aux records du taux de croissance ces dernières années.

Cette situation de tension sociale et de trésorerie aura un effet d’éviction sur certains programmes d’investissement, avancent déjà certains observateurs, un contre-pied à une politique d’émergence qui risque d’être compromise.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 08/02/2017 à 17h41, mis à jour le 08/02/2017 à 17h45