Après la crise du secteur de la microfinance en 2010, de nouveaux acteurs, filiales de grands groupes internationaux ont fait leur entrée sur le marché ivoirien de la microfinance: Microcred en 2011 et Advans courant 2012. De même, AMIFA (Atlantic Microfinance for Africa) du groupe marocain Banque centrale populaire a pris officiellement pied sur ce marché prometteur, en décembre 2015.
Ces arrivées ont bouleversé un secteur qui a su résister à la décennie de crise traversée par le pays mais qui était mal en point. L’UNACOOPEC, le premier réseau d’IMF (institution de microfinance) ivoirien, avec 63% du marché, au bord de la faillite, est sous administration provisoire depuis 2013.
Du coup, l'arrivée des nouveaux acteurs a impulsé une nouvelle dynamique au secteur avec des indicateurs en hausse. Selon une note publiée par le cabinet d’étude Oxford Business Group (OBG), la base des clients des institutions de microfinance a plus que doublé entre 2014 et fin 2016 pour atteindre 1,17 million. Les dépôts ont enregistré sur la période une hausse de 66,5% à 210 milliards de francs CFA, soit 320,1 millions d’euros, et le portefeuille prêt a été multiplié par deux, passant de 79,2 milliards, soit 120,7 millions d’euros, à 189,9 milliards de FCFA, soit 289,5 millions d’euros.
inclusion financière
Ce dynamisme montre bien le potentiel de développement d’un secteur en pleine effervescence. OBG qui cite les chiffres de la BCEAO, relève en effet que le taux de bancarisation estimé à 20% (16% selon le gouvernement ivoirien), passe à 34% en y incluant les IMF.
La raison de cet engouement est certainement à rechercher au niveau des nouvelles pratiques de ces établissements qui présentent une image plus valorisante avec notamment des cadres d’accueil dignes des établissements bancaires. Outre des avantages comme la gratuité de l’ouverture des comptes et des frais de tenue particulièrement bas, un segment sur lequel les ont rejoints les banques commerciales, ces IMF appâtent, à grands coups de publicité, par leurs offres de prêts aux salariés et aux entrepreneurs du secteur informel à des conditions avantageuses.
Mais au-delà, c’est la professionnalisation du secteur, grâce notamment à l'arrivée de nouveaux acteurs, qui rassure les clients. Une donne qui a souvent manqué dans le secteur.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: la Fondation Groupe Atlantique banque s'engage dans le social en Afrique de l’Ouest
Parallèlement, le gouvernement ivoirien s’est en effet engagé à assainir le secteur de la microfinance menacé par les déboires de l’UNACOOPEC. L’Etat a accepté d’appuyer le plan de restructuration de 40 milliards de FCFA du premier réseau d’IMF du pays qui en retour va réduire la voile pour passer à 24 sociétés contre 123 jusque-là.
Egalement, la surveillance accrue des autorités a permis d’élaguer les IMF non performantes. «Au cours du seul dernier trimestre 2016, 5 licences ont été retirées par le ministère des Finances pour cause de faillite, 52 IMF étaient officiellement enregistrées au mois de mars, contre 73 fin 2013», indique OBG.
Ce nouveau paysage devrait donc permettre de redistribuer les cartes dans un secteur qui va encore profiter du renouveau économique ivoirien. Et la marge de manœuvre reste importante. La Côte d’Ivoire reste en effet distancée par d'autres marchés du continent, notamment le Kenya, où l’inclusion financière se rapproche de 75 %, ou encore le Ghana voisin, où elle atteint 40%. Des taux qui laissent supposer un réel potentiel de croissance.