Côte d’Ivoire: Fitch maintient la note «B+» malgré tout

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Le 23/08/2017 à 10h53, mis à jour le 23/08/2017 à 11h01

La Côte d’Ivoire reste dans la catégorie «très spéculative B+» selon la dernière évaluation de l’agence de notation Fitch Rating. L’économie ivoirienne doit en effet faire preuve de résilience dans un environnement socio-économique encore fragile.

Abidjan pouvait-il espérer mieux avec le maintien de sa note de crédit à B+? Dopée par la hausse des cours du cacao ces six dernières années, l’économie ivoirienne est depuis début 2017 touchée par la chute des cours et une succession de crises sociales et sécuritaires. Elle doit encore faire preuve de résilience pour espérer franchir un nouveau palier.

Pour l’agence de notation, le maintien de la note du pays s’explique par le fait que la Côte d'Ivoire reste puissante sur le plan agricole et que les indicateurs de gouvernance connaissent une nette amélioration même si les incertitudes matière de stabilité politique.

«Les risques sécuritaires ont augmenté en 2017. (…) Malgré les progrès réalisés en matière de normalisation politique, les disparités régionales, la réconciliation nationale incomplète, l'intégration insuffisante des anciens rebelles dans l'armée et de désarmement imparfait représentent des risques pour la stabilité», détaille l’agence.

Sur le plan économique, les revendications des soldats associées à la baisse de recettes des exportations de cacao et la réduction des taxes sur le carburant coûteront la bagatelle de 440 milliards de FCFA, soit 670 millions d’euros, pour cette seule année. Ce qui va creuser le déficit budgétaire à 4,7% du PIB en 2017, qui devrait toutefois se stabiliser à «3,8% d'ici 2019 par rapport à l'objectif du gouvernement de 3%».

Une croissance en baisse mais solide

En outre, avec le «déclin progressif de l'effet de rebond résultant de la reprise après la guerre civile et de la baisse des cours du cacao», la croissance devrait s’étaler sur une moyenne de 6,8% en 2017-2019, «bien au-dessus de la moyenne des pays notés dans la catégorie B qui est de 3,8%». Une croissance solide sur le moyen terme qui bénéficiera de la poursuite des investissements publics grâce à une «amélioration de la production industrielle et à une place prépondérante du secteur minier», d’une part, et d’autre part grâce au soutien du FMI et de la Banque mondiale.

Cependant, pour Fitch, une dégradation de la situation politique et sécuritaire à l’approche de la présidentielle de 2020 occasionnant des dépenses publiques importantes, une hausse non maîtrisée de l’endettement ainsi que de nouveaux chocs extérieurs pourraient remettre en cause cette perspective et avoir une incidence négative sur l’évaluation de la note de crédit du pays.

A contrario, une amélioration de la gouvernance et une meilleure gestion des finances publiques avec la baisse du déficit public, tout comme une évolution positive des indicateurs de développement devraient permettre au pays de passer un cap, de B+ (catégorie hautement spéculative) à BB- (catégorie spéculative). Une évolution qui consolidera son ambition de pays émergent. 

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 23/08/2017 à 10h53, mis à jour le 23/08/2017 à 11h01