Côte d’Ivoire: la déforestation, l’arrière-goût amer du cacao

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Le 15/09/2017 à 12h14

Les grandes firmes mondiales du chocolat se rendent complices de la destruction des aires de forêt protégées, particulièrement en Côte d’Ivoire et au Ghana. Une situation qui pourrait dévaster des zones forestières dans les pays producteurs de cacao.

«Le chocolat est un plaisir terriblement coupable», note le rapport de l’Organisation de défense de l’environnement Mighty Earth.

L’organisation épingle les grands négociants mondiaux du cacao qui achètent, indirectement, des volumes de fèves de cacao issues de plantations illégales installées dans des parcs et réserves protégés, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana.

Le rapport explique que des intermédiaires (pisteurs) rachètent la récolte de ces exploitations clandestines, puis les revendent à des coopératives légalement constituées qui les commercialisent ensuite à des multinationales telles Olam, Cargill et Barry Callebaut qui contrôlent 50% du marché mondiale du cacao.

«Il est maintenant avéré que le marché créé par le secteur du chocolat est le premier facteur de déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux plus importants producteurs de cacao» avec 60% de l’offre mondiale, note le rapport.

Dans le cas du Ghana par exemple, entre 2001 et 2014, 117.866 hectares d’aires protégées ont été défrichés et le pays a perdu plus de 7.000 kilomètres carrés de forêts, soit au moins 10% de l’ensemble de son couvert forestier sur la période. Et Maigty Earth de révéler que le tiers de la déforestation du pays peut être imputé aux activités liées au secteur du chocolat. «Si rien n’est fait, le Ghana pourrait perdre dans les décennies à venir toutes ses forêts se situant en dehors des parcs nationaux».

«Dans ces deux pays, les chimpanzés, les éléphants et d’autres espèces sauvages ont été décimés en raison de la conversion des forêts en exploitations de cacao; en Côte d’Ivoire, il ne reste plus qu’entre 200 et 400 éléphants sur une population qui à l’origine en comptait des dizaines de milliers», indique l’organisation.

Cet état de fait tend à s’étendre aux autres zones de production de cacao de la planète, ailleurs en Afrique, mais également en Amérique latine et en Asie du Sud-Est.

Certes début 2017, 34 grandes entreprises du secteur ont rejoint l’initiative du prince Charles du Royaume-Uni visant à mettre un terme à ce phénomène. «Cela dit, avance prudemment Mighty Earth, elles n’ont fourni pour l’instant aucun détail sur la nature exacte de leur programme. C’est pourquoi il serait prématuré d’être optimiste, car leurs initiatives précédentes en matière de développement durable ont été trop timorées pour produire des résultats significatifs à l’échelle du secteur».

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 15/09/2017 à 12h14