Côte d’Ivoire: un plan Marshall de 616 milliards FCFA pour sauver la forêt ivoirienne

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Le 26/05/2018 à 13h46, mis à jour le 26/05/2018 à 13h49

Sauver ce qu’il reste de la forêt ivoirienne et étendre le couverture forestière du pays. C’est l’enjeu d’un plan de sauvetage de 616 milliards FCFA, soit un peu plus de 939 millions d’euros, que lance le gouvernement ivoirien, pressé par les menaces qui pèsent sur sa prospère économie agricole.

Le gouvernement ivoirien engage la course contre la montre pour tenter d’enrayer la destruction de sa forêt. De 16 millions d’hectares avant 1960, le pays n’en compte qu’à peine un peu plus de 3 millions d’hectares selon les chiffres officiels: 80% de la forêt ivoirienne a donc disparu en moins de 60 ans. Une superficie qui continue d’être grignotée du fait de la poursuite de l’expansion agricole avec la création ininterrompue de vastes plantations de cacao, d’hévéa ou encore de palmier à huile au détriment de la forêt.

La question a été au centre d’un Conseil présidentiel le 16 mai dernier qui a vu l’ensemble du gouvernement se pencher sur la question. Et ce 23 mai, à l’issue du Conseil des ministres, il a été convenu de mobiliser sur les dix prochaines années une enveloppe de 616 milliards FCFA, soit un peu plus de 939 millions d’euros, dans le cadre de la «politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension du couvert forestier».

«La politique, définie ici, permet de protéger notre forêt, voire même de la reconstituer au cours des prochaines décennies. (…) elle intègre également la nécessité de poursuivre le développement socio-économique du pays dans un environnement forestier favorable au développement du secteur agricole et du secteur de l’industrie du bois», a expliqué le porte-parole du gouvernement Bruno Koné.

L’objectif visé est de renforcer les actions de préservation et de réhabilitation de la forêt, mais également de travailler à la régénérescence du couvert forestier. D’un niveau de 11% du territoire couvert par la forêt, le pays veut passer à terme à 20%. Une ambition forte qui tient compte des engagements internationaux du pays, mais qui doit répondre en urgence à la menace de la disparition de la forêt qui plane sur son secteur agricole qui a fait sa prospérité et dont il continue de dépendre.

Il faut à ce niveau relever que, selon des études, c’est la culture même du cacao, la mamelle de l’économie ivoirienne, qui est menacée avec le changement climatique, conséquence directe de la déforestation.

Premières mesures fortes

Dans un premier temps, des décisions fermes sont déjà annoncées. Le parc national de Taï, au Sud-Ouest du pays, deuxième forêt primaire d’Afrique et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, va voir une extension de sa superficie qui va passer de 340.000 hectares à 508.186 hectares. Il en sera de même pour le parc de la Comoé, au nord-est avec ses 1,49 million d’hectares. Egalement les populations infiltrées dans les parcs et réserves devront être délogées.

Et pour mieux assurer la protection du couvert forestier, le président ivoirien a même autorisé les Forces spéciales ivoiriennes à épauler les agents des Eaux et Forêts dans leurs missions de surveillance.

Il est prévu la tenue d’une table-ronde avec des bailleurs afin de lever les fonds nécessaires au financement de cet ambitieux programme.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 26/05/2018 à 13h46, mis à jour le 26/05/2018 à 13h49