Ethiopie: un journaliste indépendant d'Associated Press arrêté

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Le 16/12/2021 à 08h47, mis à jour le 16/12/2021 à 08h47

Un vidéo-journaliste indépendant travaillant pour Associated Press (AP) a été arrêté en Ethiopie, pays en guerre depuis plus d'un an, ont annoncé mercredi l'agence de presse américaine et des médias d'État.

AP a demandé la libération immédiate d'Amir Aman Kiyaro, qui a été arrêté dans la capitale Addis-Abeba le 28 novembre, au retour d'un reportage.

Les journalistes travaillant en Éthiopie sont soumis à de sévères restrictions dans le cadre de l'état d'urgence national décrété en novembre par le gouvernement, enlisé dans une guerre qui dure depuis 13 mois avec les rebelles de la région du Tigré, dans le nord du pays.

Deux autres journalistes locaux, identifiés par les médias d'État comme Thomas Engida et Addisu Mulneh, ont également été arrêtés.

Des images des trois hommes, ainsi que leurs cartes d'identité, ont été diffusées par les médias d'État dans un reportage vidéo sur leur arrestation.

«Associated Press est extrêmement préoccupée par le fait qu'un de nos pigiste, Amir Aman Kiyaro, ait été détenu par le gouvernement éthiopien et accusé de promouvoir le terrorisme», a déclaré Julie Pace, vice-présidente et rédactrice en chef d'AP, dans un communiqué.

«Ces allégations sont sans fondement. Kiyaro est un journaliste indépendant qui a fait un travail important en Éthiopie sur toutes les parties du conflit. Nous appelons le gouvernement éthiopien à libérer Kiyaro immédiatement».

Un inspecteur de police éthiopien, Tesfaye Olani, a accusé les trois journalistes d'avoir enfreint les lois sur l'état d'urgence en cherchant à diffuser de la «propagande» sur le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), et son allié, l'Armée de libération oromo (OLA), qui combattent les forces gouvernementales.

Il a déclaré que leurs actions pouvaient être sanctionnées par des peines de prison allant de sept à quinze ans. Une grande partie de la zone touchée par le conflit dans le nord de l'Éthiopie est soumise à un black-out des communications et l'accès des journalistes y est restreint.

À la fin du mois de novembre, l'Éthiopie a annoncé de nouvelles restrictions dans le cadre de l'état d'urgence, interdisant la communication d'informations non officielles sur les mouvements de troupes et l'évolution du rapport de force sur le terrain, une directive interprétée comme une tentative de restreindre davantage la couverture médiatique de la guerre.

Le gouvernement a également interdit à la population «d'utiliser divers types de plates-formes médiatiques pour soutenir directement ou indirectement le groupe terroriste» en référence au TPLF.

Parallèlement, la Commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC), organisme rattaché au gouvernement, a assuré mercredi qu'elle suivait la situation de quatre autres journalistes locaux détenus, parmi lesquels deux dont elle ignore où ils se trouvent.

Dans une déclaration sur Twitter, elle a demandé que soient communiqués immédiatement à leurs familles et à leurs avocats les lieux se trouvent les deux détenus et à ce qu'un droit de visite leur soit garanti.

«La commission réitère également que les autorités compétentes doivent surveiller de près que la proclamation de l'état d'urgence soit mise en œuvre d'une manière qui respecte strictement les principes des droits de l'homme», a-t-elle dit.

Selon un rapport publié la semaine dernière par le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, neuf journalistes étaient détenus en Éthiopie en 2021.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 16/12/2021 à 08h47, mis à jour le 16/12/2021 à 08h47