L’information avait filtré depuis la mi-novembre dernier, mais elle revêt désormais un caractère officiel. L’ex-président burkinabè a obtenu la nationalité ivoirienne «à sa demande». Le décret faisant acte, paru au Bulletin officiel depuis le 18 janvier, a été signé par le président ivoirien Alassane Ouattara, un ami de longue date.Hasard des faits ou fin calcul, la divulgation du document dans la presse ivoirienne intervient au lendemain de la première visite d’un officiel burkinabè à Abidjan depuis l’élection de Christian Kaboré.Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères, avait fait le déplacement de la capitale ivoirienne, le 22 février, pour saluer l’extradition d’un membre du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) exilé en Côte d’Ivoire, le dénommé «Rambo», présenté comme le bras droit du général putschiste Gilbert Diendéré.Les déserteurs de ce corps d’élite sont en effet considérés comme une réelle menace de déstabilisation par le Burkina Faso. En janvier, des éléments du RSP avaient attaqué une armurerie militaire près de Ouagadougou, renforçant les inquiétudes des autorités.Un gage de bonne volonté d’Abidjan qui veut rassurer son voisin sur sa volonté d’apaiser des relations relativement tendues, mais qui montre en même temps sa fermeté sur le cas Blaise Compaoré.Une posture qui ne va certainement pas varier avec Soro Guillaume, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, également poursuivi par un mandat d’arrêt de la justice burkinabé pour son éventuelle implication dans le putsch de septembre dernier mené par le RSP.«Les questions judiciaires sont des questions judiciaires, mais il est important de trouver un règlement diplomatique aux relations diplomatiques entre les deux pays : pas à la question du mandat, mais aux relations entre les deux pays», avait déclaré lundi Alpha Barry à France 24, après sa visite à Abidjan.Ces affaires judiciaires en suspens ne devraient toutefois pas avoir une grande incidence dans les rapports entre les deux Etats. En raison des liens personnels d’amitié de longue date entre les deux chefs d’Etat, Alassane Ouattara et Christian Kaboré, mais surtout en raison d’une nécessaire coopération face au péril jihadiste qui plane dans la sous-région ouest africaine.
Le 28/02/2016 à 18h15, mis à jour le 29/02/2016 à 16h44